Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/185

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comme une vaste mer. On est même agréablement trompé dans les endroits où l’horizon est terminé par des arbres, car il semble que le pays est inondé, ou qu’on voit un grand lac, les vapeurs par leur épaisseur réfléchissant assez de lumière, pour faire paraître une blancheur semblable à celle de l’eau aperçue de loin ; mais il faut pour cela que l’horizon soit terminé par un fond obscur, tels que sont les arbres ; autrement cette lumière faible et réfléchie, venant à être comparée à une autre lumière plus vive, perd sa force. On dirait même que l’ombre des arbres paraît dans ces vapeurs, comme si elles avaient assez d’épaisseur pour produire le même effet que produit un miroir.

Le 3 je fis 10 lieues au sud-ouest jusqu’à un village. Dix lis au sud-ouest 1/4 sud jusqu’à un autre village, après quoi on passe une petite rivière sur un pont de bois couvert de terre. De ce village à Ting tcheou dix lis au sud-ouest. Cette ville est du moins aussi grande que Pao ting. Après avoir traversé quatre villages, j’allai dîner à Min yue tien grosse bourgade éloignée de 60 lis de Tsin fong tien, la route toujours au sud-ouest 1/4 sud ; à trois lis au-delà la route ouest sud-ouest, et après trois ou quatre lis au sud-ouest 1/4 ouest.

A trente lis de Ting tcheou, on trouve Sin lo hien petite ville qui m’a paru n’avoir guère plus de 1.200 pas de tour : elle est presque carrée. Un peu après la ville, on passe sur trois ponts de bois couverts de terre, une petite rivière qui court au nord-est, et qui dans les crues d’eaux inonde un lit de trois ou quatre lis. Après avoir traversé quelques villages et un pont de pierre à dix-huit poteaux de chaque côté, on arrive à Fou tching y, grosse bourgade où il y a poste impériale, comme le marque le mot y ; elle est éloignée de Sin lo de 45 lis.

Le grand chemin au lieu de banquette était fermé par deux petits canaux, qui laissaient un peu d’espace entre les murailles de terre dont le chemin est toujours bordé. Le chemin est le plus beau et le plus agréable qui se puisse voir, large d’environ cent pieds. Il a été aujourd’hui de terre sablonneuse.

Le 4 de Fou tching y à Tching ting fou, route au sud-ouest 1/4 sud, 60 lis. Cette ville a près de 4.000 pas de circuit ; sa forme est un carré long, ou peu s’en faut ; les murailles belles. Nous en côtoyâmes un morceau qui a au moins trois lis allant au sud-ouest. Depuis l’angle jusqu’à la porte je comptai dix-sept tours carrées.

A six ou sept lis de Tching ting on passe le Hou to ho, c’est une rivière large de deux cents pas qui vient de l’ouest et court vers le sud-est. Ses eaux sont troubles comme celles du Hoang ho. Après avoir passé cette rivière le grand chemin se partage. Nous quittâmes celui des provinces de Se tchuen, d’Yun nan, de Ho nan, etc. pour prendre celui de Chan si et de Chen si. Comme ce chemin répond à tant de provinces, il n’est pas surprenant d’y trouver cette foule prodigieuse de voyageurs.

Je vins coucher à Ho lou hien, ville fort peuplée de 1.400 pas de circuit, environ à 40 lis de Tching ting. Elle est placée derrière une petite montagne sur laquelle on passe avant que d’y arriver. Du haut de cette montagne on découvre un des plus beaux pays du monde. Tout est uni comme une glace