Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/196

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beau avec des villages à droite et à gauche. On voit là de petites charrettes à quatre roues solides, qui n’ont pas trois pieds de diamètre, tirées par quatre ou cinq bêtes de front ; bœuf, âne, mulet, cheval, y sont attachés ensemble.

Je m’arrêtai dans ce bourg, parce que le lieu de la couchée était trop éloigné. J’ai vu des blés plantés à la ligne comme le riz : il n’y a pas plus de six pouces entre les lignes ; j’en ai vu d’autres semés indifféremment comme en Europe : mais ces champs se labourent sans y faire de sillons.

Le 14 soixante lis[1] jusqu’au Hoang ho, route est sud-est. On voit des villages à droite et à gauche, mais assez pauvres. Ce fleuve à six à sept lis de largeur en cet endroit et autant que la vue peut s’étendre au-dessus et au-dessous. Je n’ai point vu de fleuve plus rapide : il n’est pas fort profond, car me trouvant avancé jusqu’à un tiers du fleuve, je vis qu’avec une perche on en trouvait le fond. Je ne donnai que trente sols pour une barque qui passa tout mon bagage. Après avoir passé le Hoang ho je vins coucher dans un village à vingt lis au-delà, route environ est sud-est, car le soleil ne paraissait pas.

Le 15 j’allai coucher à Cai fong fou soixante-dix lis, route est 1/4 sud-est. Sur le chemin et dans les hôtelleries on ne trouve rien à manger, que du pain demi cuit, et un peu de riz à la manière des Chinois. Vous faites acheter et préparer ce que vous voulez. On n’entrait point dans la ville, parce que quelques jours auparavant soixante hommes avaient forcé la maison du mandarin et emporté l’argent du Cien lean ou tribut. Plusieurs avaient été pris, et l’on cherchait les autres : c’est pourquoi il y avait des gardes aux portes, pour empêcher d’en sortir ou d’y entrer, jusqu’à ce qu’on eût arrêté les voleurs. Je passai la nuit dans les faubourgs.

Le 16 en côtoyant une partie des murs de la ville, je comptai les pas d’un muletier qui marchait devant moi. Ce côté me parut avoir plus de mille pas géométriques de long. Les murailles sont de brique, en bon état, avec de petits bastions carrés d’espace en espace : le pays toujours beau, plus de maisons et de villages qu’auparavant, notre route au sud est ou environ.

Après avoir fait cinquante-cinq lis je passai par Tching lieou hien : c’est une ville fermée de murailles de brique avec ses bastions, et j’allai coucher à Hang cang tching gros bourg, après avoir fait en tout 80 lis.

Le 17 après trente lis j’arrivai à Ki hien. Les murailles de cette ville sont de brique, et l’on y voit des tours de distance en distance. La muraille d’un côté ne me parut pas avoir plus de 300 toises, je la laissai à droite.

Depuis cette ville jusqu’à la couchée, la campagne de tous les côtés est pleine de villages, j’en comptais souvent plus de douze à la fois, et je passai au milieu de treize ou quatorze. Route encore à l’est sud-est ou environ. J’allai coucher dans un village nommé Tie fou tçe 80 lis en

  1. Dix lis font une lieue commune.