Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et qu’on arrive au lieu de la dînée ou de la couchée, on trouve toujours des chevaux frais à changer, avec un logis préparé par le mandarin du lieu.

Ces logis, qu’ils appellent cong quan, devraient être propres à loger commodément les grands seigneurs ; mais comme il ne s’en trouve plus dans plusieurs villes, surtout dans celles que les dernières guerres ont désolé, le mandarin a soin de faire préparer la meilleure auberge qui s’y trouve ; et pour cela il l’érige en cong quan, c’est-à-dire, qu’on y attache un morceau d’étoffe de soie rouge en forme de courtine au haut de la porte, et qu’on garnit une table et une chaise d’un parement d’étoffe de soie avec une légère broderie. C’est à quoi se réduit présentement tout l’ameublement et la parure de la plupart de ces auberges, où logent les Grands dans leurs voyages. On n’y trouve jamais de lit dressé : la coutume est que les voyageurs portent leur lit avec eux, à moins qu’ils n’aiment mieux coucher fraîchement et durement sur une simple natte.

Le 10 nous fîmes une journée semblable à la précédente, c’est-à-dire, de quatorze lieues ; de sept lieues jusqu’à Hiong hien et de sept autres lieues jusqu’à Gin kieou hien. Quand nous arrivions dans quelque ville, nous trouvions d’ordinaire les mandarins hors des murailles, vêtus de leurs habits de cérémonie, qui venaient au-devant de nous pour nous faire honneur.

A peine étions-nous arrivés qu’ils venaient nous rendre visite à nos auberges : outre la table que nous trouvions assez bien servie, le principal mandarin ne manquait guère de nous envoyer à chacun une autre table, chargée de viandes bouillies et rôties, dont on régalait ceux qui nous accompagnaient : car outre nos domestiques, nous avions encore chacun cinq ou six pei pao, ou ma pai tse qui sont des valets de postes aux gages de l’empereur, dont les uns nous servaient de guides, et les autres portaient notre bagage montés aussi sur des chevaux de poste, sans compter dix ou douze soldats à cheval armés d’arcs et de flèches qui nous servaient d’escorte, et dont nous changions à chaque poste. Le Ping pou l’avait réglé de la sorte par une autre dépêche différente du cang ho que le tribunal avait remis entre les mains de Tong lao ye.

Le 11 nous ne fîmes qu’une poste de sept lieues jusqu’à Ho kien fou.

Le 12 nous en fîmes trois, la première de six lieues jusqu’à Hien hien ; la seconde aussi de six lieues jusqu’à Fou tchouang y, et la troisième de trois lieues jusqu’à Fou tching hien.

Le 13 nous fîmes deux postes : la première de six lieues jusqu’à King tcheou, et la seconde de sept lieues jusqu’à Te tcheou ville de la province de Chan tong située sur le bord de ce long et fameux canal, qui a été ouvert pour conduire à Peking le tribut du riz des provinces méridionales. On le transporte tous les ans sur ces grosses et magnifiques barques impériales qui se nomment leang tchouen.

Ce canal sépare en cet endroit la province de Pe tche li de celle de Chan tong. On trouve sur toute cette route de demie lieue en demie lieue des thun taï ou corps de garde, avec une petite tour ou terrasse élevée en forme de cavalier, pour découvrir de loin, et faire des signaux en cas de tumulte ou de révolte.