Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Depuis les confins du royaume de Siam jusqu’à Mohang leng, capitale du Lahos, on rencontre beaucoup de bois, de rivières, et un grand nombre de peuplades. Nos Chinois ne trouvèrent sur toute cette route ni bêtes féroces, ni voleurs. La plus grande partie du chemin est impraticable aux charrettes : il faut se servir de chevaux.

Mohang leng capitale du Lahos, a au sud M. Kemarat, à l’est M. Louan, et M. Rong faa, au nord M. Pout, M. Pling, M. Keen, M. Kaam, M. Paa, M. Saa, M. Boonoi, M. Booiai, M. Ning neha, M. Kaan, et M. Ghintai. Ces villes relèvent toutes de la capitale Mohang leng, qui n’a ni murs, ni forteresses : elle n’est environnée que de palissades ; son enceinte est d’environ quatre cents senes ou cordes (chaque sene est de vingt brasses siamoises.)

A l’ouest de cette capitale est Mohang co sang pii, et plus à l’ouest encore est la grande forêt de Pahima pan. M. Co sang pii était autrefois habité par un certain peuple appelé Tai yai, dont les terres fort étendues formaient un grand royaume. Il fallait bien trois mois pour en faire le tour. Ce n’est plus maintenant qu’une vaste forêt qui se joint à celle de Pahima pan.

On a souvent ouï dire aux Siamois qu’au nord du royaume de Siam, il y avait un peuple qui avait leur religion, leurs coutumes, et leur langue, et même que c’était de ce peuple là qu’ils avaient reçu les unes et les autres, et jusqu’à leur nom, puisque leurs terres s’appelaient le grand royaume de Siam. Or ce peuple de l’aveu même des Siamois, est celui que les Chinois appellent dans leurs mémoires Tai yai.

Mais parce que les Siamois disent que parmi ce peuple, ce sont les prêtres qui gouvernent l’État, il est vraisemblable que le pays que les Chinois nomment Tai yai, est celui que les Tartares appellent Lassa, qui est l’État du souverain pontife des lamas, et que la ville de Co sang pii est la même que celle de Barantola où le grand lama tient sa cour, et règne avec un empire absolu pour le temporel et le spirituel.

Cela paraît d’autant plus vrai, pour ne pas dire évident, que la religion des lamas est tout à fait semblable à celle des Siamois, ou plutôt de leurs prêtres qui sont les talapoins : les uns et les autres ont les mêmes idoles, la même forme, et la même couleur d’habits. Outre cela le pays de Lassa par sa situation cadre parfaitement avec celui que les Chinois nomment Tai yai, et avec ce royaume auquel les Siamois rapportent l’origine de leur religion et de leur langue. L’un et l’autre est situé au nord de Siam, dans un climat fort froid, où il tombe de la neige aux mois de décembre, janvier, et février. Tout ce qu’on pourrait objecter, c’est que les talapoins sont rigides et réguliers observateurs de leurs lois, au lieu que les lamas sont fort libres et déréglés. Mais cette diversité qui est une marque de la différence de leurs mœurs, ne détruit pas la conformité de leur religion.

Mohang leng, capitale du Lahos, est située sur les deux rives du Menan