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HIAMEN, ou LE PORT D’EMOUY.


C’est un port fort célèbre, qu’on nomme Emouy, du nom de l’île qui le forme, car ce n’est proprement qu’une rade, qui est un des meilleurs havres du monde. Elle est resserrée d’un côté par l’île, et de l’autre par la terre ferme, et par quantité d’îles très élevées, qui la défendent contre tous les vents ; d’une étendue au reste si grande, qu’elle peut contenir plusieurs milliers de vaisseaux. La mer y est si profonde, que les plus gros navires peuvent s’approcher du bord autant qu’ils veulent, et ils sont dans une parfaite sûreté. On y voit en tout temps un grand nombre de sommes chinoises, lesquelles vont faire commerce dans les pays étrangers, qui ne sont pas fort éloignés de la Chine. Il y a environ vingt ans qu’on y voyait beaucoup de vaisseaux européens ; à présent ils y vont très rarement, et tout le commerce se fait à Canton. L’empereur y entretient six ou sept mille hommes de garnison, que commande un général chinois.

En entrant dans la rade, on double une roche que l’on rencontre à l’entrée. Il paraît que cette roche partage la passe en deux, à peu près comme le Mingant partage en deux la rade de Brest. La roche est visible, et s’élève de quelques pieds au-dessus de l’eau. A trois lieues de là on trouve une petite île qui a un trou, à travers lequel on voit le jour d’un côté à l’autre : c’est sans doute pour cette raison qu’on l’appelle l’île percée.


ÎLES DE PONG HOU


Les îles de Pong hou forment un petit archipel, entre le port d’Emouy et l’île de Formose, qui n’est habitée que par la garnison chinoise. Il y a cependant un mandarin de lettres, qui y fait sa résidence pour veiller sur les vaisseaux marchands, qui vont ou qui viennent de la Chine. Le passage de ces vaisseaux est presque continuel, et est d’un revenu considérable pour l’État.

Comme ces îles ne sont que sables ou rochers, il faut y porter, ou de Hiamen, ou de Formose, tout ce qui est nécessaire à la vie, même jusqu’au bois de chauffage. On n’y voit ni buissons, ni broussailles : un seul arbre sauvage en fait tout l’ornement. Le port y est bon : il est à l’abri de toutes sortes de vents, son fond est de sable sans roche, et sans aucun danger, il a bien vingt à vingt-cinq brasses de profondeur.

Lorsque les Hollandais étaient maîtres du port de Formose, ils avaient construit une espèce de fort au bout de la grande île de Pong hou, pour en défendre l’entrée ; aujourd’hui il n’en reste plus que le nom de Hong mao tchai, qui veut dire Fort des cheveux roux (c’est ainsi que les Chinois nomment les Hollandais.) Ce port, quoique dans un pays inculte et inhabité, est absolument nécessaire pour la conservation de Formose, qui n’a