Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/282

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de vernis, et d’autres marchandises admirablement bien rangées, en quoi les Chinois excellent.

Ces rues paraissent des galeries charmantes, et il y aurait plaisir de s’y promener, si la foule des passants était moins grande, et si elles étaient mieux pavées. Les maisons sont couvertes de paille, et ne sont bâties la plupart que de terre et de bambou. Les tentes, dont les rues sont couvertes, ne laissant voir que les boutiques, en dérobent le désagrément.

Tai ouan fou n’a ni fortifications ni murailles : les Tartares ne mettent point leurs forces, et ne renferment pas leur courage dans l’enceinte d’un rempart ; ils aiment à se battre à cheval en rase campagne. Le port est assez bon à l’abri de tout vent ; mais l’entrée en devient tous les jours plus difficile.

Autrefois on pouvait y entrer par deux endroits, l’un appelé Ta kiang, où les plus gros vaisseaux flottaient sans peine, et l’autre appelé Loulh men, dont le fond est de roche, et n’a que neuf à dix pieds dans les plus hautes marées. Le premier passage est aujourd’hui impraticable : il y a de certains endroits où l’on ne trouve pas cinq pieds d’eau : le plus qu’il y en ait, va jusqu’à sept à huit pieds, et il se comble tous les jours par les sables que la mer y charrie.

C’est par ce Ta kiang que les vaisseaux hollandais entraient autrefois dans le port, et pour en défendre l’entrée aux vaisseaux étrangers, ils avaient fait à la pointe de l’île, qui est au sud de Ta kiang une citadelle qui serait admirable, si elle n’était pas bâtie sur le sable ; mais qui est très propre à se défendre des ennemis qu’ils avaient le plus à craindre, savoir des Chinois et des Japonais.

La partie de Formose qui est soumise aux Chinois est composée de deux nations différentes : des Chinois et des naturels du pays. Les premiers attirés par l’avidité du gain, y sont venus de diverses provinces de la Chine. Tai ouan fou, Fong chan hien, et Tchu lo hien ne sont habités que des Chinois, car le troisième hien dont j’ai parlé est renfermé dans l’enceinte de la capitale. Il n’y a de naturels du pays, que ceux qui leur servent de domestiques, ou pour mieux dire d’Esclaves.

Outre ces trois villes, les Chinois ont encore plusieurs villages, mais ils n’ont aucun fort considérable, à la réserve de Ngan ping tching. Ce fort est au pied du château de Zélande, car c’est le nom que les Hollandais donnèrent à la citadelle dont j’ai déjà parlé. Il y a bien à Ngan ping tching 4 à 500 familles. On y voit une garnison de deux mille hommes commandés par un fou tsiang ou maréchal de camp.

Le gouvernement et les mœurs des Chinois à Formose ne diffèrent en rien des mœurs du gouvernement de la Chine : ainsi je ne dois m’arrêter qu’à faire connaître quel est le génie et l’espèce de gouvernement des naturels de l’île.

Les peuples de Formose qui sont soumis aux Chinois, sont partagés en quarante-cinq bourgades ou habitations qu’on appelle che : trente-six dans la partie du nord et neuf dans celle du sud. Les bourgades du nord sont assez peuplées, et les maisons, à peu de choses près, sont comme celles des Chinois. Celles du midi ne sont qu’un amas de cabanes de terre et de bambou