Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/286

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Il n’eut pas plus tôt aperçu Yu ta yeou qu’il va sur lui à pleines voiles, l’attaque brusquement, et aurait infailliblement défait l’escadre chinoise si celui qui la commandait eût été moins sage et moins intrépide.

Yu ta yeou soutint le premier feu avec beaucoup de sang froid, après quoi il attaqua à son tour Lin tao kien. Le combat dura plus de cinq heures, et ne finit qu’à la nuit, que Lin tao kien prit la fuite, et se retira vers les îles de Pong hou pour y rafraîchir ses troupes, prendre ce qu’il y avait laissé de soldats et retourner vers l’ennemi. Mais Yu ta yeou, en habile capitaine, le poursuivit de si près, que Lin tao kieu trouva dès la pointe du jour l’entrée du port de Pong hou fermée par une partie de l’escadre ennemie. Ses troupes, qui étaient fort diminuées dans le combat, et la frayeur, qui s’était emparée des autres, lui firent juger qu’il était dangereux de tenter l’entrée du port. Il prit donc la résolution de continuer sa route, et d’aller mouiller à Formose.

Yu ta yeou l’y poursuivit : mais comme il trouva que la mer était basse, et que d’ailleurs il n’avait nulle connaissance de l’entrée de ce port, il ne voulut pas exposer ses vaisseaux, et il se retira aux îles de Pong hou, dont il se rendit maître. Il fit prisonniers les soldats qu’il y trouva, il y mit bonne garnison, et retourna victorieux à la Chine, où il donna avis de ses découvertes, et de son expédition. La cour reçut avec joie ces nouvelles, et nomma dès lors un mandarin de lettres pour gouverneur des îles de Pong hou.

Formose, dit l’historien chinois, était alors une terre inculte, qui n’était habitée que par des barbares. Lin tao kien qui n’avait que de grandes vues, ne crut pas que cette île, dans l’état où elle était, lui convînt : c’est pourquoi il fit égorger tous les insulaires qu’il trouva sous sa main, et avec une inhumanité qui n’a point d’exemple, il se servit du sang de ces infortunés, pour calfater ses vaisseaux, et mettant aussitôt à la voile, il se retira dans la province de Quang tong où il mourut misérablement.

Sur la fin de l’année 1620, qui est la première année de l’empereur Tien ki, une escadre japonaise vint à Formose. L’officier, qui la commandait, trouva le pays, tout inculte qu’il était, assez propre à y établir une colonie : il prit la résolution de s’en emparer, et pour cela il y laissa une partie de son monde, avec ordre de prendre toutes les connaissances nécessaires à l’exécution de son dessein.

Environ ce même temps un vaisseau hollandais, qui allait au Japon, ou en revenait, fut jeté par la tempête à Formose. Il y trouva les Japonais, peu en état de lui faire ombrage. Le pays parut beau aux Hollandais, dit l’historien chinois, et avantageux pour leur commerce. Ils prétextèrent le besoin qu’ils avaient de quelques rafraîchissements, et des choses nécessaires, pour radouber leur vaisseau maltraité par la tempête. Quelques-uns d’eux pénétrèrent dans les terres, et après avoir examiné le pays, ils revinrent sur leur bord.

Les Hollandais ne touchèrent point à leur vaisseau pendant l’absence de leurs compagnons, ce ne fut qu’à leur retour qu’ils songèrent à le radouber. Ils prièrent les Japonais avec qui ils ne voulaient pas se brouiller, de peur