Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/346

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province, pendant les guerres civiles qui ont précédé le changement de la monarchie, elle n’a rien retenu de sa première splendeur. Elle ne laisse pas d’être très peuplée et très marchande ; son district est fort étendu : car six villes du second ordre, et vingt-cinq du troisième, relèvent de sa juridiction. Elle est toute coupée de canaux revêtus de pierres de taille qu’on y a conduits, et qui sont navigables.

On n’y voit pas un pouce de terre qui ne soit cultivé. Les campagnes sont arrosées de petits ruisseaux, qui s’y trouvent naturellement, ou qu’on y a fait couler par artifice. Parmi ses rivières il y en a une qui a la propriété de donner au velours qu’on y lave, un lustre et un éclat singulier ; il y en a une autre qui est fort estimée à cause de la trempe que ses eaux donnent au fer.

Son terroir est le seul de la province qui soit plein. Les canaux, dont il est coupé, reçoivent leurs eaux du Ta kiang, qui est là fort paisible, et plus lent que rapide. Mais quand toutes ces divisions étant réunies dans un même lit, et augmentées des eaux de la rivière Hin cha kiang, le fleuve coule de la province de Se tchuen dans celle de Hou quang, il devient très dangereux, tant par la rapidité de son cours, que par la rencontre des rochers, dont le pays est rempli.

Ce n’est que depuis Kin tcheou fou qu’on peut dire avec vérité, que le Ta kiang est le plus large, le plus profond, et le plus navigable des fleuves de la Chine. La largeur de son embouchure dans l’océan oriental, est presque de sept lieues : mais celle de son lit à Tching kiang fou même, la ville la plus voisine, bâtie exprès pour en défendre l’entrée, et où demeure un général tartare, n’a guère qu’une demie lieue de largeur. C’est ce que l’on a mesuré de la fameuse montagne Kin chan, qui est au milieu du fleuve, d’où l’on prit avec les instruments, des points déjà connus. Ce qui fait voir qu’en matière de distance, il ne faut presque point compter sur les bruits populaires : car quoique ce passage soit fort fréquenté, les mesures des Chinois n’en sont pas plus justes, et ils les ont fort exagérés.


PAO NING FOU. Seconde ville.


La situation de cette ville entre deux rivières quoique petites, la rendent assez belle, et également marchande, ses maisons sont bien bâties ; tout le pays qui en dépend, est comme couronné de montagnes, où l’on trouve beaucoup de cerfs et de daims. Il fournit du musc en abondance.

La plupart de ses montagnes ne sont pas désagréables à la vue. Les montagnes cultivées qui s’y trouvent, et les forêts dont elles sont couvertes ne présentent rien d’affreux. Elle compte dix villes sous sa juridiction, dont deux sont du second ordre et huit du troisième.