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Les hommes et les femmes portent leurs cheveux passés dans un anneau sur le front, et par dessus un petit chapeau de paille, ou de rotin, d’où pendent deux cordons qu’ils nouent sous le menton.

Leur vêtement consiste dans un morceau de toile de coton noir, ou de bleu foncé, qui les couvre depuis la ceinture jusqu’aux genoux : les femmes sont vêtues d’une espèce de chemisette de la même étoffe, et se distinguent encore par des raies bleues qu’elles se font avec de l’indigo, depuis les yeux jusqu’au bas du visage. Les uns et les autres portent des boucles d’oreilles d’or et d’argent, faites en forme de poire, et très bien travaillées.

Leurs armes sont l’arc et la flèche, dont ils ne se servent pas avec beaucoup d’adresse, et une espèce de coutelas qu’ils portent dans un petit panier attaché derrière eux à la ceinture. C’est le seul instrument qui leur sert à faire leurs ouvrages de charpente, et à couper les bois et les broussailles, lorsqu’ils traversent les forêts.

Outre les mines d’or qui sont dans le centre de l’île, il y a encore dans la partie du nord, des mines d’azur que l’on porte à Canton et dont l’on peint toute la porcelaine bleue. Les plus beaux bois pour l’odeur et pour la sculpture se tirent des montagnes de Hai nan. L’empereur régnant en fait transporter jusqu’à Peking avec des frais immenses, pour un palais qu’il destine à sa sépulture.

Le plus précieux de ces bois, après le bois d’aigle, est le Hoa li, nommé par les Européens, bois de rose ou de violette, à cause de son odeur. Il y a aussi un bois jaune très beau et incorruptible, dont les colonnes, d’une certaine grosseur, sont sans prix, et réservées de même que le Hoa li, au service de l’empereur.

Cette île, outre tous les fruits qui se trouvent à la Chine, produit encore beaucoup de sucre, de tabac, et de coton. L’indigo y est commun. Si l’on y joint la récolte des noix d’arecquier, la coupe des rotins, la pêche des différents poissons qu’on prend sur les côtes, et que l’on fait sécher et saler pour le transport, on ne sera point surpris que le commerce de Canton y amène chaque année vingt ou trente jonques assez grandes et l’on ne fera point de difficulté de mettre Hai nan par sa situation, par sa grandeur, et par ses richesses, au rang des îles les plus considérables de l’Asie.

C’est dans le nord de cette île que viennent aborder presque toutes les barques de Canton. Le port est formé par une rivière assez large, dont l’entrée est défendue par deux petites forteresses ; des vaisseaux, autrement construits que ceux des Chinois, auraient peine à y entrer ; il n’y a que dix à douze pieds d’eau ; le commerce y attire tous les marchands de l’île, qui n’ont que des commissionnaires dans les autres quartiers. C’est environ à deux lieues de ce port qu’est la capitale, qui n’en est séparée que par une grande plaine couverte de plusieurs beaux sépulcres chinois, parmi lesquels on voit une croix élevée sur le tombeau d’un jésuite italien, le premier missionnaire qui ait passé dans cette île.

Dans le sud de l’île, où des vaisseaux de la compagnie ont relâché, on trouve une grande baie, dans l’enfoncement de laquelle est un des meilleurs ports qui se puisse rencontrer. On mouille à vingt pieds d’eau et