Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/406

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et si aimable, que ses sujets ne s’apercevaient presque pas qu’ils eussent un maître.

Les philosophes chinois ont coutume d’appuyer leurs maximes de morale, sur la conformité qu’elles ont avec la conduite et les actions de cet empereur, et de ses deux successeurs : cette conformité une fois prouvée donne à leurs maximes une autorité, contre laquelle il n’y a point de réplique.

Yao qui se plaisait singulièrement à observer les astres, chargea deux habiles mathématiciens, l’un nommé Hi, et l’autre qui s’appelait Ho, d’examiner avec soin le cours de la lune et des astres, et de composer des instruments propres à ces sortes d’observations. Ce fut avec leur secours qu’il régla les douze mois lunaires, et qu’il rétablit les mois intercalaires, qui revenaient sept fois dans l’espace de 19 ans.

L’impératrice fut chargée du soin d’élever des vers à soie, et d’enseigner aux autres femmes la manière de fabriquer de meilleures étoffes qu’on en avait fait auparavant.

Ce travail au temps de son invention était fort grossier, et c’est ce qui arrive toujours, surtout dans les arts, qui ne se perfectionnent que par l’expérience, et par un long usage. Ce prince mit un nouvel ordre dans l’administration des affaires de l’empire, par l’établissement de six tribunaux souverains, tels qu’ils subsistent encore aujourd’hui.

La réputation de sa vertu, et la sagesse de son gouvernement, attirèrent dans ses États plusieurs des nations voisines : ses sujets s’augmentèrent à un point, que ces provinces ne purent contenir tant d’étrangers, qui venaient s’y établir, principalement à cause des eaux dont les terres basses étaient couvertes ; soit que cette inondation fût un reste du Déluge universel, comme plusieurs le croient, soit que quelque obstacle interrompant le cours naturel des eaux vers la mer, forçât les rivières à sortir de leur lit, et à répandre leurs eaux dans tout le plat pays.

L’empereur prit le dessein de mettre à profit tant de terres submergées, et par là devenues inutiles à son peuple. Il donna à un officier nommé Kouen la commission de dessécher les campagnes, en procurant une issue aux eaux, qui les fissent couler dans la mer. Cet officier ou négligent, ou peu capable d’une entreprise, dont il n’eût pas dû se charger, employa neuf ans à ce travail, sans y réussir : sa négligence ou sa témérité fut punie de mort.

Yu son fils répara sa faute. Pendant treize ans d’un travail infatigable il vint à bout d’aplanir les montagnes, de faire rentrer de grands fleuves dans leur lit naturel, de dessécher les lacs et les marais, de renfermer entre des chaussées plusieurs torrents rapides, et de partager les rivières en différents canaux, qui aboutissaient à la mer. Par ce moyen il donna une plus grande étendue aux provinces,