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et de temps en temps il visitait lui-même les provinces de son empire.

Sa principale attention fut de faire fleurir l’agriculture : il confia ce soin à un de ses ministres, nommé Tchao kong. Un vieux saule, sous lequel il était assis, lui servait de tribunal pour juger les différends qui naissaient entre les laboureurs et ce saule, que par respect on n’osa couper, devint célèbre dans la poésie chinoise.

La bonne foi et la fidélité des promesses était si exactement gardée, qu’on permettait aux prisonniers de sortir tous les matins pour aller labourer les terres, et le soir ils ne manquaient pas de rentrer à la prison. Kang vang mourut la vingt-cinquième année du cycle, extrêmement regretté de ses peuples, et eut pour successeur son fils nommé Tchao vang.


TCHAO VANG. Quatrième empereur.
A régné cinquante-un ans.


Une seule passion à laquelle ce prince s’était livré, gâta ses plus belles qualités, et lui fit négliger le soin de son empire : il aimait éperdument la chasse et ne s’occupait que de ce divertissement. Le dégât que ses chiens et ses chevaux faisaient dans les campagnes, désespérait les peuples, qui gémissaient sans cesse de voir leurs plus belles moissons ravagées par une armée de chasseurs qu’il menait à sa suite. Cette conduite lui attira la haine de tous ses sujets.

On rapporte que ce fut l’année seizième de son règne, et la quarante-unième du cycle, que naquit aux Indes l’auteur de la secte abominable des bonzes, et de la doctrine de la métempsycose : il se nomma Fo et ce fut l’année soixante-cinq après Jésus-Christ, que cette secte idolâtre eut entrée dans l’empire par la protection de l’empereur, comme nous le dirons en son lieu.


Cycle XXIII. Année avant J. C. 1017.

Les peuples, qui voyaient continuellement ruiner le fruit de leurs sueurs, et qui lorsqu’ils espéraient une abondante récolte, en étaient subitement frustrés, se portèrent a tout ce que le désespoir peut inspirer de plus affreux. Ils conspirèrent la mort de leur souverain. Pour y réussir, sans que cette mort pût leur être imputée, ils s’avisèrent d’un stratagème.

L’empereur, en revenant de la chasse, était obligé de traverser une rivière assez large, et il y avait ordre de tenir des barques prêtes pour son passage ; ils en préparèrent une qui était tellement construite, qu’elle devait se briser en peu de temps. L’empereur y monta avec quelques seigneurs de sa suite ; à peine fut-il au milieu de la rivière, que les planches se démontèrent tout à coup, et la barque enfonça dans l’eau ; tous ceux qu’elle portait, furent noyés.