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Hien vang mourut la trente-septième année du cycle, son fils Chin tsin vang lui succéda.


CHIN TSIN VANG. Trente-troisième empereur.
A régné six ans.


Si ce prince eût eu assez de force et de courage, pour profiter de la division qui régnait entre les princes tributaires, et des guerres continuelles qu’ils se faisaient les uns aux autres, il aurait sans doute rétabli la majesté de l’empire ; mais sa lâcheté, et sa nonchalance, encore plus grande que celle de son prédécesseur, contribuèrent plus que toute autre chose à l’avilissement de sa dignité, et à l’anéantissement de sa puissance : celle du roi de Tsin au contraire augmentait à un point, qu’il tenait tous les autres princes en respect, et que sans avoir encore le titre d’empereur, il en avait toute l’autorité.

Cinq rois, savoir ceux de Tsou, de Tchao, de Han, de Guei, et d’Yen, se liguèrent ensemble, et réunirent toutes leurs forces pour s’opposer à une puissance qui devenait formidable. Le roi de Tsin leur livra le combat, et défit entièrement leur armée. Il ne tenait qu’à lui après cette victoire de les dépouiller de leurs États, mais un objet plus intéressant l’appela ailleurs.

Deux princes de la partie occidentale de la province de Se tchuen qui ne dépendaient point de l’empire, étaient en guerre, et chacun d’eux implora le secours du roi de Tsin leur voisin. Celui-ci jugea qu’il lui était aisé de profiter de leur mésintelligence, et d’accroître son État de ces vastes pays : il marche au secours d’un de ces princes, il taille en pièces l’armée ennemie, et le prince même fut trouvé mort dans le champ de bataille. Enfin il obligea le prince qu’il avait secouru, à lui rendre hommage, et à lui payer un tribut annuel.

En même temps le roi de Guei, l’un des cinq princes ligués, dont l’armée avait été défaite, n’espérant point de vivre avec tranquillité dans son État, et ne voyant pas même de sûreté pour sa personne, tandis qu’il aurait pour ennemi un prince si puissant, se rendit son tributaire, et eut pour lui les mêmes déférences et la même soumission que s’il eût été empereur.

Le roi de Tsin lui accorda son amitié et sa protection avec d’autant plus de plaisir, que le royaume de Guei lui ouvrait un passage pour entrer sur les terres des autres princes de l’orient, et facilitait les moyens de les soumettre à sa puissance.

L’empereur, qui avait été spectateur oisif de toutes les victoires du roi de Tsin, mourut la quarante-troisième année du cycle, et eut pour successeur son fils nommé Ngan vang.