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EUL CHI. Troisième empereur.
A régné trois ans.


Ce prince, qui était tout à la fois et usurpateur, et meurtrier de son frère, fit bien voir dans le peu de temps qu’il régna, combien il était indigne de la couronne. Il fit son colao, ou premier ministre, le plus grand ennemi de la famille de Tsin, qui affectait au dehors un grand zèle pour sa personne, mais qui, par des voies secrètes, ne cherchait qu’à exterminer tous les princes de cette race. Il trouva dans les inclinations de l’empereur un moyen infaillible de le perdre.

Ce prince lui avait témoigné plusieurs fois, que la vie étant si courte, il voulait la rendre la plus délicieuse qu’il serait possible, et goûter sans obstacle tous les plaisirs capables de satisfaire les sens.

Le colao lui répondit que l’unique obstacle qu’il avait à craindre, viendrait de la part des ministres et des gouverneurs placés par son père, qui troubleraient continuellement ses plaisirs par leurs remontrances et par leurs menaces, que le seul moyen de s’en garantir, était de leur ôter leurs emplois, et de mettre à leur place des gens, dont il serait plus sûr, et qui respecteraient son repos. L’empereur suivit un si pernicieux conseil, et toutes les charges furent remplies par des gens dévoués au colao.

Ce changement excita dans toutes les provinces des plaintes et des murmures, qui tendaient à une sédition ouverte. D’ailleurs on commença à charger les peuples d’impôts pour servir aux dépenses que faisait l’empereur en maisons superbes, en parcs, et en jardins délicieux ; les moindres fautes étaient punies des plus cruels supplices, et souvent les gouverneurs, sous prétexte de plaire à l’empereur, et d’exécuter ses ordres, vengeaient leurs injures particulières.

Un des généraux de son armée, qui avait été envoyé dans les provinces orientales, pour y dissiper quelques tumultes, leva le premier l’étendard de la révolte, et engagea toutes les troupes à déclarer empereur le fils du frère aîné, à qui la couronne appartenait de droit, et à détrôner le cruel usurpateur, qui avait trempé ses mains dans le sang de l’héritier légitime.

Ce fut dans ces conjonctures que s’éleva un aventurier nommé Lieou pang, qui de simple soldat, s’était fait le chef d’une troupe de brigands ; c’était un homme né avec de grandes qualités, plein de courage et de valeur, doux et modéré, quoique sévère, quand il s’agissait de faire observer à ses compagnons les lois de la discipline militaire, et d’une éloquence naturelle, qui devenait très