Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/48

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lui un travail si long et si difficile. Voici comme il s’en explique.

« Je puis assurer, dit-il, qu’on n’a rien oublié pour faire un bon ouvrage : on a parcouru soi-même tous les endroits tant soit peu considérables de toutes les provinces ; on a examiné les cartes et les histoires que chaque ville garde dans ses tribunaux ; on a interrogé les mandarin et leurs officiers, aussi bien que les chefs des peuples dont on a parcouru les terres ; enfin on n’a jamais cessé de se servir de la mesure actuelle, afin d’avoir, à proportion qu’on avançait, des mesures toutes prêtes pour servir aux triangles des points qu’on jugeait dignes d’être remarqués. Car, après avoir bien délibéré, on crut devoir s’attacher à la méthode des triangles : toutes les autres avaient paru trop longues, eu égard aux pays immenses, dont l’Empereur voulait avoir la carte ; et peu praticables par rapport aux villes qui sont fort proches les unes des autres, puisqu’il est certain que la moindre erreur de temps, ou mal marqué par une pendule, ou déterminé peu exactement par l’immersion d’un des satellites de Jupiter, ferait une erreur considérable dans la longitude ; de sorte que si elle est d’une minute, elle donnera quinze minutes de fausse longitude, et quatre ou cinq lieues de distance erronée suivant la différence des parallèles. Ainsi il se pourrait faire absolument que l’observation ne donnât point de distance entre deux villes, qui en auraient une très réelle, quoique petite.

« Cet inconvénient de pratique n’est point à craindre dans la méthode des triangles. Comment pourrait-on errer de quatre lieues, dont deux villes seraient éloi-