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TCHAO TI. Sixième empereur.
A régné treize ans.


Ce prince, tout jeune qu’il était, fit paraître les plus belles inclinations, et une prudence qui était fort au-dessus de son âge. Docile aux instructions du sage tuteur que son père lui avait donné, il se signala dans les commencements de son règne par les récompenses, dont il gratifia les officiers qui avaient bien servi l’État ; par les magistrats intègres et habiles qu’il envoya secrètement dans les provinces, pour s’informer si les peuples n’étaient pas opprimés ; et par le moyen qu’il prit pour soulager les pauvres dans un temps de stérilité.

Il ordonna que les riches, qui avaient des grains au-delà de ce qui était nécessaire pour leur subsistance, en fourniraient aux pauvres, autant qu’il en fallait pour les nourrir, et ensemencer leurs terres, avec obligation de rendre la même quantité au temps de la récolte ; et pour dédommager les riches, qu’on forçait à ces avances, il leur remit les impôts qui se levaient sur les grains. Par un règlement si sage, il conserva la vie à une infinité de malheureux.

En même temps qu’il veillait ainsi au bonheur de ses sujets, il affermit leur repos par la paix honorable qu’il conclut avec les Tartares : mais il ne survécut pas longtemps à cette paix, car il mourut sans laisser d’enfants mâles, la quarante-quatrième année du cycle, ayant à peine vingt-deux ans. Ses grandes qualités le firent extrêmement regretter de tout l’empire.

Hiao ti son oncle lui succéda du consentement de toute la nation. Mais on se repentit bientôt du choix qu’on avait fait, la négligence de ce prince dans le gouvernement de l’État, son indifférence, ou plutôt son insensibilité pour les peuples, ses excès de débauches, où il employait les jours et les nuits, le mépris qu’il fit des conseils salutaires qu’on lui donnait, tout cela obligea les Grands et les ministres de le faire descendre du trône où ils l’avaient placé.

Ils allèrent au palais, et s’étant saisis des sceaux et des autres marques de la dignité impériale, ils le déclarèrent déchu de toute autorité, et le firent conduire dans le petit État, dont auparavant il était souverain, sans qu’aucun de ses sujets, ni de ses domestiques parût même y trouver à redire, tant il s’était rendu odieux et méprisable. On jeta les yeux sur le prince Suen ti, qui était petit-fils de l’empereur Vou ti.