Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/485

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vallées. Les peuples en furent d’autant plus effrayés, que ces tremblements étaient plus rares, et ils les regardèrent comme un signe du courroux céleste, et comme un présage de quelque grande calamité.

Un roi des Tartares, nommé Tan yu, envoya des ambassadeurs à l’empereur pour lui rendre ses hommages, et se déclarer son tributaire. On penchait d’abord à ne leur pas donner audience, parce qu’on se défiait de la sincérité de leur soumission, et qu’on craignait qu’ils ne voulussent reconnaître les forces de l’empire, et empêcher par cet artifice, qu’on ne leur déclarât la guerre avant qu’ils eussent réparé leurs pertes ; mais on jugea, par les belles fourrures qu’ils apportèrent, que le seul intérêt d’un libre commerce avec les Chinois, les avait engagés à cette démarche ; ainsi ils furent admis à une audience publique, et traités comme les envoyés d’un prince ami.

Suen ti qui était monté sur le trône à l’âge de dix-huit ans, n’en avait que quarante-trois, quand la mort l’enleva la neuvième année de ce cycle, Il laissa sa couronne à son fils nommé Yuen ti.


YUEN TI. Huitième empereur.
A régné seize ans.


Le goût singulier que ce prince eut pour l’étude, et sa passion pour les gens de lettres, qu’il fit venir à sa cour, et avec lesquels il avait de fréquents entretiens, le rendirent très habile, mais non pas dans l’art de régner.

Ce n’est pas qu’il n’eût de belles qualités : on loue surtout sa modération, son penchant à soulager les peuples, et sa frugalité, dont il donna des preuves dès le commencement de son règne. Il avait pour maxime, que quand on savait se contenter de peu, on ne manquait de rien.

Il régla sa maison selon cette maxime. Il diminua le nombre de ses officiers, et retrancha tout ce qu’il y avait de superflu dans sa table, dans ses meubles, dans son écurie, et dans ses équipages, se réduisant pour toutes ces choses au pur nécessaire.

Mais ces qualités, et beaucoup d’autres, furent tout à fait obscurcies par son peu de discernement dans le choix qu’il fit de ses ministres. Il n’avait égard, ni à leur capacité, ni à leur expérience. C’était, selon sa manière de juger, avoir un mérite accompli, et être propre aux plus grandes charges, que de savoir s’exprimer poliment, et faire un discours éloquent. C’était tout le talent de ceux sur qui il se reposait des plus grandes affaires de l’État.