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ans, a compté neuf princes, lesquels se sont succédés les uns aux autres.

Tchouang tsong, fils de Li ke yong, ce fameux guerrier, dont j’ai déjà parlé, et qui servit si bien l’État sous le dix-huitième empereur, profita de tous ces désordres pour conquérir une couronne, qu’il se trouvait beaucoup plus digne de porter, que celui qui l’avait usurpée. Il commandait une armée accoutumée à vaincre : après s’être emparé de plusieurs villes, il attaqua l’armée de l’empereur, et la tailla en pièces. Mo ti de désespoir, se tua lui-même, et avec lui sa famille fut éteinte.




QUINZIÈME DYNASTIE
NOMMÉE HEOU TANG


Qui compte quatre empereurs dans l’espace de treize ans


TCHOUANG TSONG. Premier empereur.
A régné trois ans.


Il avait hérité de l’humeur martiale de son père, et s’était endurci dès sa plus tendre jeunesse aux fatigues de la guerre. Dans toutes ses campagnes il couchait sur la terre, et de crainte de s’ensevelir dans un trop long sommeil, il avait une cloche suspendue à son col pour l’éveiller.

Ce prince aurait mérité d’être mis au rang des héros de sa nation, s’il n’avait pas terni la gloire de ses premières années par la mollesse, par l’oisiveté, et par l’amour des spectacles. Non seulement il se plaisait à faire représenter des comédies ; mais il s’abaissait jusqu’à y jouer lui-même son personnage, pour procurer un frivole divertissement aux reines et à ses petites filles.

Il s’occupa de tant d’autres amusements, si peu dignes de la majesté impériale, qu’il devint un objet de mépris pour tous ses sujets. Il fut d’ailleurs d’une avarice si sordide, qu’ayant ses coffres remplis d’or et d’argent, il ne pouvait se résoudre à les ouvrir pour le soulagement de ses peuples.

Enfin quelques mouvements de sédition s’étant élevés parmi les soldats, il fut frappé d’une flèche, dont il mourut la vingt-deuxième année du cycle, à l’âge de trente-cinq ans. On ne sait si le coup lui fut porté de dessein prémédité, ou si ce fut un effet