Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/553

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son règne. La pluie étant survenue avec abondance, devînt le sujet de la joie publique, et tous les Grands vinrent en féliciter l’empereur. « Tout le temps, répondit ce prince, que mon peuple a souffert de la disette, je n’ai pas manqué un seul jour à brûler des parfums, et à élever mes mains vers le Ciel. Ayant entendu le bruit du tonnerre pendant la nuit, je me levai promptement du lit, j’entrai dans mes jardins, aussitôt que je vis tomber la pluie, je me prosternai à terre pour rendre mes actions de grâce au seigneur du Ciel. La grâce que je vous demande, est de me marquer hardiment ce que vous auriez aperçu de défectueux dans ma conduite : peut-être n’ai-je que le vain titre d’empereur, et qu’aveugle sur mes défauts, je me laisse éblouir à tout cet appareil de grandeur. Je sens de quelle importance il est de n’adresser matin et soir ses prières au Ciel qu’avec un cœur pur. »

L’envie extrême qu’il eut d’avoir un enfant mâle, le porta à répudier l’impératrice, et sa réputation en souffrit quelque atteinte ; car s’il s’en trouva qui approuvèrent sa conduite, il y en eut d’autres, et en plus grand nombre, qui la blâmèrent.

Ce qui mérita un applaudissement général, c’est le secours qu’il envoya à ses peuples par les conseils et par les soins d’un de ses colao nommé Fou pié, et qui sauva la vie à plus de cinq cent mille hommes, qui périssaient de faim et de misère.

Il eut environ ce temps-là une autre inquiétude : Hien tsong, septième roi des Tartares de Leao tong, envoya des ambassadeurs pour lui demander la restitution de dix villes de la province de Pe tche li, que le fondateur de la dix-huitième dynastie avait reprise.

L’empereur, qui aimait la paix, dépêcha Fou pié à ce prince Tartare, et s’engagea de lui payer chaque année, à la place des villes qu’il demandait, deux cent mille taëls, et trois cent mille pièces d’étoffes de soie ; et, ce qui fut le plus honteux, c’est que dans cet engagement il se servit du caractère Na, qui signifie une pension tributaire.

Après avoir répudié l’impératrice, ainsi que je viens de le dire, il épousa la petite-fille de ce fameux général des armées chinoises, dont j’ai parlé, et qui se nommait Kao pin. Mais cette princesse ne lui donna point d’héritiers, et se voyant prêt de mourir, il fut obligé de nommer pour son successeur Yng tsong, qui était le treizième fils de son frère. Il mourut âgé de cinquante-quatre ans, la quarantième année du cycle.


YNG TSONG. Cinquième empereur.
A régné quatre ans.


Dès la première année de ce règne il y eut de la mésintelligence et des dissensions entre ce prince et l’impératrice, qui