Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/594

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imitèrent cet exemple, et se donnèrent la mort. On chercha longtemps le cadavre de l’empereur, et après l’avoir trouvé, on l’apporta sous les yeux du tyran assis sur un trône, qui après l’avoir traité d’une manière indigne, fit trancher la tête à deux de ses enfants et à tous ses ministres. Son fils aîné évita la mort par la fuite.

Tout pliait sous la puissance de l’usurpateur. Il n’y avait que le prince Ou fan guey, qui commandait les troupes chinoises dans le Leao tong, dont il ne fut pas reconnu. Ce tyran part avec son armée, et après avoir assiégé la place où il commandait, pour le forcer à se rendre, il lui fait voir son père chargé de fers, en lui déclarant qu’il allait le faire égorger sur l’heure, s’il différait à se soumettre.

Ce grand homme voyant son père de dessus les murailles, se mit à genoux, et fondant en larmes, pria son père de lui pardonner, s’il sacrifiait sa tendresse naturelle à son devoir envers son prince et envers sa patrie. Ce généreux père loua la résolution de son fils, et se livra à la mort.

Ou fan guey, pour venger doublement la mort de son roi et de son père, ménagea la paix avec les Tartares orientaux ou Mantcheoux, et les appela à son secours contre les rebelles. Tsong té roi de ces Tartares, lui amena promptement 80 mille hommes, et les deux armées étant réunies, l’usurpateur leva le siège, se rendit au plus vite à Peking, où ne se croyant pas en sûreté, il pilla le palais, y mit le feu, et s’enfuit avec son armée dans la province de Chen si, enrichi des dépouilles de l’empire, et chargé de la malédiction publique.

Tsong té eut à peine mis le pied sur les terres de la Chine qu’il mourut : avant sa mort il déclara empereur son jeune fils qui n’avait que six ans, nommé Chun tchi, et il confia à son frère A ma van le soin de ce prince et de l’empire.

Le jeune prince fut conduit droit à Peking, et reçu aux acclamations des peuples, qui le regardaient comme le libérateur de la patrie : on n’entendit de tous côtés que ces cris de joie : Vive l’empereur, qu’il vive dix mille ans : Van soui, Van soui, expression chinoise qui signifie : qu’il vive longues années. C’est avec ce prince que commença la dynastie Tsing. Cette révolution arriva la vingt-unième année du cycle, qui est l’année 1644e depuis la naissance de Jésus-Christ.