Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/603

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en main le gouvernement de ses États, et donna d’abord une grande idée de cette haute réputation qu’il s’acquit dans la suite d’un règne le plus florissant qu’on ait guère vu.

Sou ca ma, le plus accrédité des quatre ministres régents, et l’ennemi du christianisme d’autant plus cruel, qu’il était plus caché, eut à se défendre de vingt chefs d’accusation qu’on porta contre lui. Ses biens furent confisqués, il fut chargé de chaînes. et condamné au plus cruel supplice : mais l’empereur en modéra la rigueur, et il fut simplement étranglé ; sept de ses enfants, ou petits-fils, eurent la tête tranchée, et son troisième fils fut coupé en plusieurs morceaux.

L’année quarante-cinquième du cycle vint à la cour un ambassadeur du roi de Portugal qui y fut reçu avec honneur, et qui ne contribua pas peu à affermir la nation portugaise dans la possession de la ville de Macao.

L’année suivante le père Ferdinand Verbiest eut ordre de l’empereur d’examiner et de mettre par écrit toutes les fautes du calendrier chinois fait par Yang quang sien, qui avait pris la place du père Adam, et qui avait fort animé les Grands, les bonzes, et les mahométans contre la religion chrétienne. Ces fautes étaient énormes et en quantité : Yang quang sien fut dépouillé de son emploi, mis au rang du peuple, et même condamné à mort. L’empereur se contenta de l’exiler dans sa patrie, où il n’était pas encore arrivé, qu’il mourut d’un ulcère pestilentiel.

Le père Verbiest devint président du tribunal des mathématiques, et se fit fort estimer de l’empereur, qui voulut prendre de lui pendant cinq mois des leçons de mathématiques. Le Père se servit de sa faveur pour présenter une requête au monarque, dans laquelle il exposait les calomnies qu’on avait publiées contre la loi chrétienne, et les injustices qui avaient été commises sous son autorité contre les prédicateurs de cette loi. On mit sept jours à l’examiner dans une assemblée générale des mandarins, après quoi il fut déclaré que la loi chrétienne n’enseignait rien de mauvais, ni qui portât à la sédition. Un édit impérial rappela les missionnaires exilés, en défendant néanmoins, et aux missionnaires de bâtir de nouvelles églises, et aux Chinois d’embrasser la loi chrétienne.

L’année cinquantième du cycle Ou fan guey, qui avait introduit les Tartares dans l’empire, pour l’aider à détruire les rebelles, songeait à délivrer sa patrie de leur domination. L’empereur le fit inviter à venir à la cour : il répondit aux députés qu’il ne voulait y aller qu’accompagné de 80 mille hommes, et aussitôt il secoua ouvertement le joug.

Il s’était déjà rendu maître des provinces d’Yun nan, de Se tchuen, de Koei tcheou, et de la moitié du Hou quang, et ce qui est une marque de l’autorité impériale, il avait envoyé le calendrier