Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/608

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Mais ce rétablissement ne fut pas durable, et dans la suite il demeura déchu du titre et des prérogatives de son rang pour des fautes plus réelles envers la personne de son père.

La trentième année du cycle, c’est-à-dire, l’an 1710 monseigneur le Cardinal de Tournon légat apostolique mourut à Macao le 8 de juin, âgé de quarante-un ans, d’une maladie dont il avait déjà pensé mourir à Pondichery, et ensuite à Nan king, par où il passa pour se rendre à la cour de l’empereur, où le pape l’avait envoyé pour terminer les contestations survenues entre les missionnaires. La trente-septième année du cycle (l’an 1717) un tsong ping ou mandarin de guerre nommé Tchin mao présenta à l’empereur une requête pleine d’invectives et de calomnies contre la religion chrétienne, et ceux qui la prêchaient. Il colorait tout ce qu’il avait inventé de plus atroce, du spécieux prétexte de veiller à la tranquillité publique, qui était sur le point, disait-il, d’être attaquée au dedans et au dehors, au dedans par les missionnaires et leurs disciples, et au dehors par les Européens, qui font leur commerce à la Chine.

On fut consterné, quand on apprit que cette requête avait été donnée à examiner aux tribunaux, et que l’empereur avait confirmé leur sentence, qui rappelait deux édits, l’un de la huitième année de Cang hi lequel défend de bâtir des églises, et d’embrasser la loi chrétienne ; l’autre de sa quarante-cinquième année, où il est ordonné à chacun des Européens de recevoir une patente impériale, où on lise son pays, l’ordre religieux qu’il a embrassé, depuis combien de temps il est à la Chine, et la promesse qu’il fait de ne plus retourner en Europe.

Le P. Parrenin, avec deux autres missionnaires, alla se jeter aux pieds de l’empereur, mais il n’en put avoir d’autre réponse, sinon que par cet édit il n’était défendu de prêcher leur loi, qu’à ceux qui n’avaient pas reçu la patente.

L’année suivante mourut l’impératrice mère le 11 janvier. Tout l’empire prit le grand deuil pendant plus de quarante jours. Les mandarins, les fils mêmes de l’empereur dormaient au palais sans quitter leurs vêtements. Tous les mandarins à cheval et non en chaise vêtus de blanc, et avec peu de suite, allèrent pendant trois jours faire les cérémonies ordinaires devant la tablette de l’impératrice défunte. Les tribunaux furent fermés tout le temps du deuil, et la soie rouge fut proscrite, ainsi on portait le bonnet sans soie rouge, et sans aucun autre ornement.

La même année l’empereur fut attaqué d’une maladie qui causa de grandes alarmes, surtout parce que dans le dessein de se choisir un successeur, il ne jetait les yeux sur aucun de ses enfants, mais sur un prince de la dynastie des Yuen, dont il en reste encore plus de mille.