Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/248

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unes des autres par de fortes cloisons de bois. Pour toute pompe il y avait un puits au pied du grand mât, dont sans autre artifice on tirait l’eau avec des seaux. Quoique les mers fussent extrêmement hautes, et la somme excessivement chargée, cependant par la force de ses membrures et la bonté de son calfat, elle ne fit presque point d’eau.

Ce calfat est une espèce de composition de chaux, d’une espèce d’huile, ou plutôt de résine, qui découle d’un arbre nommé tong yeou, et de filasse de bambous. La chaux en est la base, et quand tout est sec, on dirait que ce n’est que de la chaux pure et sans aucun mélange. Outre que le bâtiment en est beaucoup plus propre, on ne sent point comme dans nos vaisseaux, cette odeur de goudron insupportable à quiconque n’y est point accoutumé ; mais il y a encore en cela un avantage plus considérable, c’est que par là ils se garantissent des accidents du feu, auquel notre brai de goudron expose nos vaisseaux.

Les ancres étaient de bois ; il n’y a que celles de réserve qui avaient le bout des pattes armé de lames de fer.

Toutes les manœuvres aussi bien que les câbles étaient de rotin c’est une espèce de petite canne, ou de filasse de coco, que les Portugais nomment cairo


De l'équipage.

L’équipage était composé de 47 personnes en y comprenant les officiers. Le pilote n’avait d’autre soin que celui de placer la boussole et de donner le rhumb ; Le timonier commandait la manœuvre, et le capitaine nourrissait l’équipage. Du reste il n’ordonnait rien ; cependant tout s’exécutait avec une ponctualité surprenante.

La raison de cette bonne intelligence, vient de l’intérêt que tous ceux qui composent l’équipage, ont à la conservation du vaisseau : tous ont part à la charge ; au lieu de payer les officiers et les matelots, on leur laisse la liberté de mettre une certaine quantité de marchandises sur le vaisseau, dans lequel chacun a son petit appartement particulier dans l’entre deux des ponts, qui est partagé en différentes loges. Du reste l’on peut dire en général que les Chinois sont vigilants, attentifs, et laborieux ; il ne leur manque qu’un peu plus d’expérience, pour être d’habiles gens de mer.





De la monnaie qui en différents temps a eu cours à la Chine.


Il n’y a que deux sortes de métaux, savoir l’argent et le cuivre, qui aient cours à la Chine, pour le prix des achats, et pour la facilité du commerce. L’or n’y a de cours que comme les pierres précieuses l’ont en Europe : on l’achète de même que les autres marchandises, et les Européens qui y trafiquent, retirent de ce commerce un gain considérable.