Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Autrefois, dit l’histoire de Feou Leang, outre la fougère, on y employait le bois d’un arbre dont le fruit s’appelle se tse : à en juger par l’âcreté du fruit, quand il n’est pas mûr, et par son petit couronnement, il semble que c’est une espèce de nèfle. On ne s’en sert plus maintenant, apparemment parce qu’il est devenu fort rare. Peut-être est-ce faute de ce bois, que la porcelaine qui se fait maintenant, n’est pas si belle, que celle des premiers temps. La nature de la chaux et de la fougère contribue aussi à la bonté de l’huile, et j’ai remarqué que celle qui vient de certains endroits, est bien plus estimée, que celle qui vient d’ailleurs.

Quand on a des cendres de chaux et de fougère jusqu’à une certaine quantité, on les jette dans une urne remplie d’eau. Sur cent livres, il faut y dissoudre une livre de che kao, bien agiter cette mixtion, ensuite la laisser reposer, jusqu’à ce qu’il paraisse sur la surface un nuage ou une croûte qu’on ramasse et qu’on jette dans une seconde urne ; et cela à plusieurs reprises ; quand il s’est formé une espèce de pâte au fond de la seconde urne, on en verse l’eau par inclination, on conserve ce fond liquide, et c’est la seconde huile qui doit se mêler avec la précédente. Par un juste mélange, il faut que ces deux espèces de purée soient également épaisses. Afin d’en juger, on plonge à diverses reprises dans l’une et dans l’autre de petits carreaux de pe tun tse ; en les retirant on voit sur leur superficie, si l’épaississement est égal de part et d’autre. Voilà ce qui regarde la qualité de ces deux sortes d’huiles.

Pour ce qui est de la quantité, le mieux qu’on puisse faire, c’est de mêler dix mesures d’huile de pierre, avec une mesure d’huile faite de cendre de chaux et de fougères : ceux qui l’épargnent, n’en mettent jamais moins de trois mesures. Les marchands qui vendent cette huile, pour peu qu’ils aient d’inclination à tromper, ne sont pas fort embarrassés à en augmenter le volume : ils n’ont qu’à jeter de l’eau dans cette huile, et pour couvrir leur fraude, y ajouter du che kao à proportion, qui empêche la matière d’être trop liquide.


Autre espèce de vernis appelée tsi kin yeou.

Il y a une autre espèce de vernis, qui s’appelle tsi kin yeou, c’est-à-dire, vernis d’or bruni. Je le nommerais plutôt vernis de couleur de bronze, de couleur de cassé, ou de couleur de feuille morte. Ce vernis est d’une invention nouvelle ; pour le faire on prend de la terre jaune commune, on lui donne les mêmes façons qu’au pe tun tse, et quand cette terre est préparée, on n’en emploie que la matière la plus déliée, qu’on jette dans l’eau, et dont on forme une espèce de colle aussi liquide que le vernis ordinaire appelé pe yeou qui se fait de quartiers de roche. Ces deux vernis, le tsi kin et le pe yeou, se mêlent ensemble, et pour cela ils doivent être également liquides. On en fait l’épreuve en plongeant un pe tun tse dans l’un et dans l’autre vernis. Si chacun de ces vernis pénètre son pe tun tse, on les juge également liquides, et propres à s’incorporer ensemble.

On fait aussi entrer dans le tsi kin du vernis, ou de l’huile de chaux et de cendres de fougère préparée, comme nous l’avons dit ailleurs, et de la même liquidité que le pe yeou mais on mêle plus ou moins de ces deux