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On emplit ainsi tout le fourneau, ne laissant de vide qu’à l’endroit, qui est immédiatement sous le soupirail.

On a soin de placer au milieu du fourneau les piles de la plus fine porcelaine ; dans les fonds, celles qui le sont moins ; et à l’entrée, on met celles qui sont un peu fortes en couleur, qui sont composées d’une matière où il entre autant de pe tun tse que de kao lin, et auxquelles on a donné une huile faite de la pierre qui a des taches un peu noires ou rousses, parce que cette huile a plus de corps que l’autre. Toutes ces piles sont placées fort près les unes des autres, et liées en haut, en bas, et au milieu avec quelques morceaux de terre, qu’on leur applique, de telle sorte pourtant que la flamme ait un passage libre, pour s’insinuer de tous côtés : et peut-être est-ce à quoi l’œil et l’habileté de l’ouvrier servent le plus, pour réussir dans son entreprise, afin d’éviter de certains accidents à peu près semblables, à ceux que causent les obstructions dans le corps de l’animal.

Toute terre n’est pas propre à construire les caisses qui renferment la porcelaine : il y en a de trois sortes qu’on met en usage ; l’une qui est jaune et assez commune ; elle domine par la quantité, et fait la base. L’autre s’appelle lao tou, c’est une terre forte. La troisième, qui est une terre huileuse, se nomme yeou tou. Ces deux sortes de terres se tirent en hiver de certaines mines fort profondes, où il n’est pas possible de travailler pendant l’été. Si on les mêlait parties égales, ce qui coûterait un peu plus, les caisses dureraient longtemps. On les apporte toutes préparées d’un gros village, qui est au bas de la rivière à une lieue de King te tching.

Avant qu’elles soient cuites, elles sont jaunâtres ; quand elles sont cuites, elles sont d’un rouge fort obscur. Comme on va à l’épargne, la terre jaune y domine, et c’est ce qui fait que les caisses ne durent guère que deux ou trois fournées, après quoi elles éclatent tout à fait. Si elles ne sont que légèrement fêlées, ou fendues, on les entoure d’un cercle d’osier : le cercle se brûle, et la caisse sert encore cette fois-là, sans que la porcelaine en souffre.

Il faut prendre garde de ne pas remplir une fournée de caisses neuves, lesquelles n’aient pas encore servi : il y en faut mettre la moitié qui aient déjà été cuites. Celles-ci se placent en haut et en bas, au milieu des piles se mettent celles qui sont nouvellement faites. Autrefois, selon l’histoire de Feou leang, toutes les caisses se cuisaient à part dans un fourneau, avant qu’on s’en servît pour y faire cuire la porcelaine : sans doute, parce qu’alors on avait moins d’égard à la dépense, qu’à la perfection de l’ouvrage. Il n’en est pas tout à fait de même à présent, et cela vient apparemment de ce que le nombre des ouvriers en porcelaine s’est multiplié à l’infini.


De la construction des fourneaux.

Venons maintenant à la construction des fourneaux. On les place au fond d’un assez long vestibule, qui sert comme de soufflets, et qui en est la décharge. Il a le même usage que l’arche des verreries. Les fourneaux sont présentement plus grands qu’ils n’étaient autrefois. Alors, selon le livre chinois, ils n’avaient que six pieds de hauteur et de largeur : maintenant