Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/316

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mettre des vers à soie domestiques sur un jeune chêne, quelques-uns d’eux s’accoutumeraient à ce genre de vie rustique ; de même qu’on voit des enfants de famille, qui ont été élevés délicatement, s’endurcir aux fatigues et à la nourriture du simple soldat. Des œufs qu’ils produiraient, on verrait sortir sans doute des vers campagnards, tels que ceux dont on tire la soie, qui sert à faire le kien tcheou. Du moins on pourrait essayer si ces premières feuilles de chêne seraient du goût des vers à soie domestiques ; et si cela était, elles pourraient suppléer à celles des mûriers, qui en certaines années sont plus tardives.


Des mûriers véritables.

On vient ensuite aux mûriers véritables ; tout ce qu’en dit l’auteur chinois peut se réduire aux articles suivants : quelle est la bonne ou la mauvaise espèce des mûriers ; de quelle manière on peut les rendre meilleurs par le choix et la culture du terroir, par l’adresse qu’on apporte à les effeuiller, à les enter, et surtout à les tailler ; enfin comment il faut s’y prendre pour multiplier la bonne espèce.

On doit rejeter les mûriers qui commencent par pousser des fruits, et ensuite des feuilles, parce que ces feuilles sont d’ordinaire très petites et malsaines, et que d’ailleurs cette espèce de mûriers n’est pas de longue durée, et périt en peu d’années. Dans le choix des jeunes plans, il faut laisser ceux qui ont la peau ridée, parce qu’ils ne produiront que des feuilles petites et minces. Au contraire on doit se fournir de ceux dont l’écorce est blanche, qui ont peu de nœuds, et de grands bourgeons. Les feuilles en sortiront larges et épaisses, et les vers qui s’en nourriront, produiront en leur temps des coques serrées et abondantes en soie.

Les meilleurs mûriers sont ceux qui donnent peu de mûres, parce que le suc est moins partagé. Il y a un moyen, à ce qu’on assure, de les rendre stériles en fruits, et féconds en feuilles : c’est de faire manger aux poules des mûres, soit qu’elles soient fraîchement cueillies, soit qu’elles aient été séchées au soleil : on ramasse la fiente de cette volaille, on la délaye dans l’eau, on met dans cette eau la graine de mûriers pour la macérer, après quoi on la sème.

On distingue en général deux bonnes espèces de mûriers, qui ont pris leurs noms de la province, d’où ils sont sortis originairement, Les uns se nomment king sang : king est le nom d’une contrée de la province de Hou quang. Ses feuilles sont minces et peu pointues, et ressemblent en petit dans leurs contours aux feuilles de courge. La racine est durable, et le cœur du tronc solide. Les vers nourris de ces feuilles filent une soie forte, et très propre à faire le cha et le lo cha, (c’est une espèce de gaze et de crêpe qui a du corps). Les feuilles du king conviennent surtout aux vers nouvellement éclos ; car chaque âge a une nourriture qui lui est proportionnée, et dont il s’accommode mieux.

Les mûriers de Lou, ancien nom de la province de Chan tong, ne sont pas chargés de mûres ; leur tronc s’allonge, leurs feuilles sont grandes, fortes, fermes, rondes, épaisses, pleines de suc : les branches sont saines et