Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/322

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couteau très affilé, qui ne presse pas ses feuilles en les coupant, et qui leur laisse toute la finesse de leur goût.

On voit assez souvent que les plantes dégénèrent, et que la semence ne répond pas à la bonté de la première origine : il en arrive de même aux papillons ; il y en a de faibles et de languissants : on ne doit pas en attendre une postérité vigoureuse. Il est donc important de les choisir : ce triage se fait à deux reprises.


Manière de distinguer les bons papillons d'avec les mauvais.

1° Avant qu’ils soient sortis de leurs coques, et c’est alors qu’on doit distinguer celles des mâles, et celles des femelles. Voici la manière de les connaître : les coques un peu pointues, qui sont serrées, fines, moins grandes que les autres, contiennent les papillons mâles. Les coques plus arrondies, plus grandes, plus épaisses et plus négligées renferment les femelles. A parler en général, les coques qui sont claires, un peu transparentes, nettes, et solides, sont les meilleures.

2° Ce choix se fait encore plus sûrement lorsque les papillons en sont sortis, ce qui arrive peu après le quatorzième jour de leur solitude. Ceux qui sortent les premiers, et qui devancent les autres d’un jour, ne doivent point être employés à multiplier l’espèce ; attachez-vous à ceux qui sortent en foule le jour suivant : les plus tardifs doivent être rejetés. Voici un autre indice pour ne pas se tromper dans ce triage : les papillons, dont les ailes sont recourbées, qui ont les sourcils chauves, la queue sèche, le ventre rougeâtre et nullement velu, ne doivent pas être gardés pour la multiplication de l’espèce.


De leur multiplication.

Lorsque ce triage est fait, on approche les mâles des femelles qu’on place sur diverses feuilles de papier, afin qu’ils s’accouplent. Ce papier doit être fait, non de toile de chanvre, mais d’écorce de mûriers : Il faut les fortifier par des fils de soie ou de coton collés par derrière, parce que quand elles seront chargées d’œufs elles doivent être plongées jusqu’à trois fois dans l’eau pour donner aux œufs un bain salutaire. On étendra ces feuilles de papier sur des nattes chargées de paille épaisse. Après que les papillons auront été unis ensemble environ douze heures, il faut séparer les mâles. S’ils demeuraient plus longtemps unis, les œufs qui viendraient, étant plus tardifs, ne pourraient éclore avec les autres, et cet inconvénient doit s’éviter. Les papillons mâles seront mis à quartier avec ceux qu’on aura rejetés dès le commencement.

Afin que les femelles pondent plus avantageusement, on avertit de les mettre au large, et de les couvrir : l’obscurité les empêche de trop éparpiller leurs œufs. Quand elles en seront entièrement délivrées il faut les tenir encore couvertes durant quatre ou cinq jours. Après quoi tous ces papillons joints à ceux qu’on aura mis à l’écart, ou qu’on tirera morts des coques, seront mis profondément en terre, car ce serait une peste pour les animaux qui y toucheraient. Il y en a qui assurent que si on les enfouit en divers endroits dans un champ, ce champ pendant quelques années ne produira ni ronces, ni aucuns autres arbrisseaux épineux. Il y en a d’autres qui les jettent dans des étangs domestiques, et ils prétendent qu’il n’y a rien de meilleur pour engraisser les poissons.