Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/34

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haut de plus de six pieds. On monte sur ce perron par trois escaliers : celui du milieu est le plus considérable. Huit gros vases ou cassolettes de bronze hautes d’environ sept pieds, ornent le haut du perron, au bas duquel, proche du maître escalier, il y a deux grosses figures de lion de bronze. Ce perron est vis-à-vis une grande et magnifique salle, où l’empereur reçoit les mémoriaux, les requêtes, ou placets que les mandarins des tribunaux souverains viennent lui présenter chaque jour, après avoir fait leurs prosternements accoutumés au bas de l’escalier.

On passe ensuite deux autres cours assez peu différentes de cette dernière : elles ont des perrons de la même forme et de la même grandeur, et sont entourées d’édifices semblables, avec les escaliers et les balustrades qui règnent autour.

Lorsque nous eûmes traversé la seconde de ces cours, on nous conduisit par une porte qui est à côté sur la droite, dans une autre cour longue d’environ deux cents pas : c’est une espèce d’hippodrome, au bout duquel on entre à main gauche dans une grande salle ouverte. Nous y trouvâmes des gardes, et nous y attendîmes quelque temps le mandarin qui devait venir nous prendre, pour nous introduire dans l’appartement de l’empereur.

Enfin on vint nous chercher, et l’on nous fit entrer dans une neuvième cour un peu plus petite, mais du moins aussi magnifique. Au fond se voit un grand édifice de figure oblongue, à double toit de même que les précédents, et couvert pareillement de tuiles vernissées de jaune. Une espèce de chemin ou de levée, haute de six ou sept pieds, bordée de balustres de marbre blanc, et pavée de même, conduit à ce palais où est l’appartement de l’empereur. Il n’y a que lui qui puisse passer par cet endroit, ainsi que par le milieu des autres cours.

Tout brille dans ce palais, par l’éclat que donnent les ornements de sculpture, le vernis, les dorures, et les peintures. Au fond de ce grand édifice règne une espèce de plateforme, pavée de grands carreaux d’un très beau marbré jaspé, poli comme une glace, et dont les morceaux sont tellement unis, qu’à peine peut-on distinguer l’endroit où ils se joignent.

A l’entrée de la grande salle, se trouve une porte qui conduit dans une grande chambre carrée, où l’empereur était assis sur une estrade à la manière tartare. Cette chambre était pavée de marbre, les poutres étaient portées par des colonnes de bois vernissées de rouge, et engagées de telle sorte dans le mur, qu’elles étaient de niveau avec la surface. Nous fîmes les cérémonies ordinaires, c’est-à-dire, que nous nous rangeâmes sur une même ligne vis-à-vis de l’empereur ; que nous nous mîmes à genoux à trois reprises, et qu’à chacune nous nous courbâmes trois fois jusqu’à terre. C’était une grande faveur qu’il nous faisait de recevoir en personne ces marques de notre respect : quand les mandarins des six Cours souveraines, de cinq en cinq jours, au premier jour de l’an, et au jour de la naissance de l’empereur, viennent faire la même cérémonie, ce prince n’est presque jamais présent, et est