Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/372

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malade, ou bien quand il porte le deuil de son père ou de sa mère. Les vieux gradués, après avoir donné dans un dernier examen des preuves de leur vieillesse, sont dispensés pour toujours de ces sortes d’examens, et ils conservent néanmoins l’habit, le bonnet, et les prérogatives d’honneur attachées à l’état de gradué.

Pour monter au second degré, qui est celui des kiu gin, il faut subir un nouvel examen, qui s’appelle tchu cao, et qui ne se fait qu’une fois tous les trois ans dans la capitale de chaque province de l’empire. Ainsi tous les sieou tsai, doivent s’y rendre.

Il vient exprès deux mandarins de la cour, pour présider à l’examen, qui se fait par les grands officiers de la province, et par quelques autres mandarins, qui sont comme leurs assesseurs. Le premier des deux mandarins envoyés de la cour s’appelle tching tchu cao, et doit être han lin, c’est-à-dire, du collège des premiers docteurs de l’empire. Le second se nomme fou tchu. Dans la province de Kiang si, par exemple, il y a bien dix mille sieou tsai, qui sont obligés d’aller à cet examen, et qui n’ont garde d’y manquer.

Entre ces dix mille, le nombre de ceux qui sont nommés, c’est-à-dire, qui obtiennent le degré de kiu gin, ne passe guère soixante. Leur robe est de couleur tirant sur le brun, avec une bordure bleue, large de quatre doigts. L’oiseau du bonnet est d’or ou de cuivre doré. Le premier de tous a le titre de kiai yuen. Il n’est pas si aisé de corrompre les juges pour obtenir ce degré ; et si dans ce dessein on a recours à quelque intrigue, il faut qu’elle soit bien secrète, et qu’elle se ménage dès Peking.

Quand ils ont obtenu ce degré, ils n’ont plus qu’un pas à faire pour être docteurs. Ils doivent aller l’année suivante se faire examiner pour le doctorat à Peking, et ce premier voyage se fait aux frais de l’empereur. Ceux qui après avoir subi une fois cet examen, se contentent d’être kiu gin ou parce qu’ils sont trop avancés en âge, ou parce que leur fortune est médiocre, peuvent se dispenser d’aller à Peking subir le même examen, qui se fait de trois en trois ans. Tout kiu gin peut être pourvu de quelque charge : quelquefois même c’est le rang que leur donne l’antiquité dans les grades, qui la leur fait obtenir, et l’on en a vu devenir vicerois de province ; et comme c’est au mérite seul que se donnent les charges, un lettré fils d’un paysan a autant d’espérance de parvenir à la dignité de viceroi et même de ministre, que les enfants des personnes de la première qualité.

Au reste ces kiu gin, dès là qu’ils ont obtenu une charge, et qu’ils sont chargés des affaires publiques, renoncent au degré de docteur. Mais tous les kiu gin, c’est-à-dire, licenciés, qui ne sont point en charge, ont coutume de se rendre à Peking tous les trois ans, comme je l’ai dit, et de se trouver à l’examen, qui s’appelle l’examen impérial : car c’est l’empereur lui-même qui donne le sujet des compositions, et qui est censé faire cet examen par l’attention qu’il y prête, et par le compte qu’il se fait rendre. Ceux des licenciés qui veulent faire ce voyage, montent assez souvent jusqu’à cinq ou six mille : et de ce nombre on en élève au degré de docteur