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des leçons. Voilà ce qui fait que les sages règlements pour les établissements des écoles publiques, soit à la ville, soit à la campagne, sont fort négligés.

Les mandarins voient assez combien les mœurs de notre siècle auraient besoin d’être réformées ; mais on dirait qu’on ne regarde pas cette affaire comme la plus pressante. A la vérité, ce qui arrête, c’est qu’on manque des secours nécessaires pour bâtir, et pour entretenir ces écoles à la campagne. Ainsi on renonce à un dessein si utile et si nécessaire : d’où il arrive que la doctrine de nos livres classiques ne se met pas en pratique ; que les bonnes coutumes de nos pères s’affaiblissent de plus en plus, et se perdront insensiblement. Prévenons ce malheur.

Ce que je vais dire me paraît de conséquence, pour remettre en vigueur les établissements dont je parle : que les lettrés aisés, que les gens riches qui ont été en charge, se fassent un plaisir de s’unir, pour contribuer à une si belle entreprise, chacun dans son pays. Le mandarin du lieu se mettra à leur tête : après cela, quelle difficulté y aura-t-il à élever des bâtiments publics destinés à l’étude ? Au reste on doit penser que ces écoles s’ouvrent principalement pour les enfants du pauvre peuple, qui sans ce secours, ne sauraient s’avancer dans les lettres.

Par ce moyen les jeunes gens, à quelque indigence qu’ils soient réduits, s’ils sont nés avec du génie pour les sciences, pourront s’y appliquer entièrement. Or, c’est particulièrement à la campagne, que la misère est grande : le gros des villes est de marchands, d’artisans, de gradués, et de gens qui ont été dans les emplois, ou qui vivent noblement. Hors des villes communément, plus de la moitié des habitants, ou labourent et cultivent les terres, ou gardent des troupeaux, et s’occupent des soins de la vie champêtre.

Il faut d’abord supputer combien dans le district d’une ville, par exemple, du troisième ordre, il se trouve de gens pauvres, et de gens à leur aise, et sur cela former le dessein d’une école. Quand au dehors de la ville on verra combien il y a dans le district de gros bourgs, de lieux fréquentés par le commerce, par les foires qui s’y tiennent ; combien d’habitations où les maisons sont un peu réunies, on jugera sur ce plan, combien il faut d’écoles ; car pour ce qui est des maisons éparses çà et là, si ceux qui les habitent, ont envie que leurs enfants étudient, ils sauront bien se rapprocher, et y pourvoir.

Voici la forme et l’ordre que je voudrais donner à une pareille école. Le bâtiment aurait d’abord un grand portail : au-dessus de la porte, serait placée en gros caractères cette inscription Y HIO, Collège de piété. Ensuite il faudrait enfermer tout le terrain nécessaire d’une bonne muraille, pour ôter aux étudiants et aux gens de dehors, la liberté d’entrer et de sortir.

Après la porte et la première cour, suivrait la salle des Assemblées[1], ou des Leçons, qui serait à trois rangs de colonnes. Ensuite viendrait à une juste distance une seconde salle ; c’est là où l’on placerait la tablette de

  1. Teng.