Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/384

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vues relevées de cet enfant. Il alla sur l’heure trouver ses parents : Votre fils, leur dit-il, a de l’esprit au dessus du commun ; un écolier de si grande espérance demande un maître plus habile que je ne le suis ; ayez soin de le lui procurer.

Aujourd’hui, quand nous disons qu’on peut, si on le veut, devenir aussi vertueux que nos premiers empereurs Yao et Chun, on regarde cela comme un paradoxe ; le travail rebute. Cependant renonce-t-on aux biens de la fortune, pour la peine qu’on a à les acquérir ?

Si l’on entretenait ordinairement les jeunes gens des exemples de nos anciens sages, et qu’on les y fît souvent penser, ils parviendraient à être ce que ces grands hommes ont été. C’est en vertu d’une semblable éducation, qu’on dit qu’un maître est un second père ; mais un maître doit songer qu’on emploie un ouvrier, parce qu’on le croit habile ; au lieu qu’on reçoit un disciple pour le former, ce qui demande des soins et de l’application.

Ce serait une belle leçon à donner que celle que fit en mourant un empereur, au jeune prince qu’il laissait héritier de la couronne. Ne dites jamais : cette faute est légère, je puis me la permettre ; cet acte de vertu est peu considérable, omettons-le.

La jeunesse est ennemie de la contrainte ; il faut donc l’instruire d’une manière qui ne la rebute pas. Si un faisceau d’épines, dont on entoure un jeune arbre pour le défendre des bestiaux, est trop épais, et le serre de trop près, il l’étouffe. Il faut que les instructions et les réprimandes viennent comme les pluies et les vents du printemps, qui étant proportionnés aux besoins des plantes, les font pousser à l’aise.

Autrefois les leçons et les préceptes étaient en vers, et en forme de chansons, afin qu’ils entrassent plus agréablement dans l’esprit des enfants, et qu’ils leur tinssent lieu de jeux propres de leur âge : par là ils ne sentaient pas la difficulté de l’étude. Nos anciens rois avaient introduit cette méthode d’enseigner. Il nous semble que cette adresse n’est rien ; cependant ce rien a de grandes suites. On a changé de méthode ; les choses en vont-elles mieux ?

Tchu hi descend dans différents petits détails. Quand les enfants, dit-il, récitent leurs leçons, faites que ce soit de telle manière, qu’ils pensent dans l’âme à ce qu’ils prononcent des lèvres : ne leur dites rien qui ait rapport aux fausses sectes[1] : ayez soin de les prémunir contre un tel poison. Il exhorte à donner des récompenses ; c’est ce qui se fait le 1 et le 15 de chaque mois : ces prix consistent en des pinceaux pour écrire, et du papier.

Tchu hi parle ensuite des grandes vacances, qui commencent vers le vingtième du dernier mois de l’année chinoise, jusqu’au vingtième ou environ

  1. Tchu hi sous le règne des Song, a été le grand ennemi des sectes idolâtres, contraires à la première secte littéraire.