Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/407

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le premier de leurs sages, comme leur docteur, comme leur législateur, comme leur oracle, comme celui qui a enseigné les empereurs et les rois. Ils s’appliquent continuellement à l’étude des principes et des maximes, que ce philosophe a donné, et qu’on a ramassé en quatre livres sur les lois anciennes, qu’ils regardent comme la source et la règle du parfait gouvernement.

Il faut donner une légère idée de ces ouvrages. Je commencerai d’abord par les cinq livres anciens, que les Chinois appellent par excellence les cinq volumes. Je viendrai ensuite à l’ouvrage de Confucius et de Mencius son disciple, et j’en donnerai le précis.







Des King chinois, ou des livres canoniques du premier ordre.


La lettre king, signifie une doctrine sublime, solide, et qui étant fondée sur des principes inébranlables, n’est point sujette à changer. Les livres qui contiennent cette doctrine sont d’un ordre supérieur, et admirés dans tous les temps et de tous les Chinois, sans distinction de sectes et d’opinions particulières. Comme ils sont de la première classe, et de la plus grande autorité, ils sont aussi la source de toute la science et de la morale des Chinois.

Mais ces monuments précieux de l’antiquité chinoise, furent presque sur le point d’être anéantis en un instant par les ordres d’un empereur nommé Tsin chi hoang. Ce fut environ 300 ans après la mort de Confucius, et 200 ans avant la naissance de J.-C. que ce prince célèbre par sa valeur, et encore plus par la grande muraille qu’il avait fait construire, pour garantir les États des irruptions des Tartares, prit la résolution d’éteindre les sciences, et de ne permettre dans tout l’empire, que certains livres qu’il jugeait nécessaires, tels que sont ceux qui traitent de l’agriculture, de la médecine, etc. Tous les autres, il ordonna sous peine de la vie de les brûler, et il porta l’inhumanité jusqu’à faire mourir plusieurs docteurs.

Il y en a qui prétendent que ce prince n’était pas pour cela ennemi des sciences et des livres qu’il fit brûler. Ils se fondent sur ce que Liu pou ouei qui avait été son précepteur, et dont il reste un excellent ouvrage, était trop amateur de l’antiquité, pour lui en avoir inspiré du mépris et que d’ailleurs Li sseë son ministre d’État, homme savant et poli, n’avait garde de lui donner un conseil si pernicieux, qui tendait à ruiner le gouvernement, et à introduire l’ignorance et la barbarie dans l’empire.

Ils jugent que ce prince se porta à une exécution si barbare par un trait de politique, et pour se maintenir tranquille sur le trône. Les étudiants de ce temps-là souffrant impatiemment un prince, qui voulait être maître