Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/460

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Dans le sixième, Confucius fait connaître quelques-uns de ses disciples qu’il juge être propres au gouvernement ; et il loue l’extrême ardeur qu’ils ont d’apprendre et de se perfectionner. Il parle ensuite de la manière dont on doit donner et recevoir ; puis il explique les qualités de la vraie vertu. Mon disciple Yen hoei se vit réduit à une extrême pauvreté : il n’avait que du riz et de l’eau pour sa subsistance. Cependant, dans cet état d’indigence, il ne perdit jamais sa tranquillité et sa joie ordinaire. C’est là ce que j’appelle un vrai sage. . . . . J’appelle un homme vertueux, celui qui commence d’abord par supporter constamment toutes les peines qui se présentent, pour acquérir la vertu ; et qui ensuite pense à goûter la douceur, qui se trouve à la posséder. . . . . . Un homme vertueux peut se laisser tromper jusqu’à croire des choses fausses, mais il ne le sera jamais jusqu’à faire des choses mauvaises.

Dans le septième, il rapporte les bas sentiments que Confucius avait de lui-même, et les éloges que ses disciples lui donnaient. Ce n’est pas moi, disait ce philosophe, qui ai inventé la doctrine que je vous enseigne ; je la tiens des anciens, de qui je l’ai apprise. . . . . Il disait une autre fois que quatre choses lui faisaient continuellement de la peine : la première, de ce qu’il avait fait si peu de progrès dans la vertu ; la seconde, de ce qu’il n’était pas assez ardent pour l’étude ; la troisième, de ce qu’il ne se livrait pas tout entier aux devoirs que prescrit la justice ; la quatrième enfin, de ce qu’il n’était pas assez attentif sur lui-même, et sur la réforme de ses mœurs. Il disait encore : Je me vois dans une indigence extrême ; un peu de riz et d’eau, c’est tout ce que j’ai pour vivre : avec cela je suis gai et content : c’est que je regarde les dignités où l’on s’élève, et les richesses qu’on acquiert par des voies iniques, comme des nuées que le vent pousse de côté et d’autre dans les airs. . . . . . Que je suis heureux ! s’écriait-il encore ; si je fais une faute, elle est aussitôt connue de tout le monde. . . . . . Un jour qu’il apprit qu’on lui donnait le nom de King, c’est-à-dire, de très sage : Cet éloge ne me convient point, dit-il, et je ne puis le supporter. Tout ce qu’il y a de bien à dire de moi, c’est que je m’efforce d’acquérir la sagesse et la vertu, et que je ne me rebute point de la peine qu’il y a de l’enseigner aux autres. . . . Ses disciples disaient de lui qu’il alliait trois choses qui ne paraissaient guère compatibles, tous les agréments de la politesse avec beaucoup de gravité, un air sévère avec beaucoup de bonté et de douceur, une grandeur d’âme extraordinaire avec beaucoup de modestie.

Dans le huitième, il fait l’éloge des anciens empereurs Vou vang, Yu, Chun, Yao. Il rapporte quelques maximes du docteur Tseng, et il enseigne quels sont les devoirs d’un homme sage. Où trouve-t-on, dit Confucius, une grandeur d’âme pareille à celle des empereurs Chun, et Yu ? Ils furent tirés d’une condition très abjecte, pour être élevés à l’empire ; et sur le trône, ils furent si peu susceptibles d’ambition et de vaine gloire, qu’ils possédèrent l’empire, comme s’ils ne le possédaient pas. . . . . Où trouver un homme habile, qui écoute avec docilité les instructions que lui donne un ignorant ? Où trouver un homme traité avec mépris et outrage,