Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/535

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en place ceux qu’il trouva ; et il ne leur recommanda rien tant, que de l’aider à bien gouverner. C’est ainsi que soutenu du puissant secours de Tien[1], et de la fortune de sa maison, paisible possesseur de ce vaste État, il fit ressentir les effets de ses bontés à toutes les nations voisines[2]. De lui m’est venu l’empire, vous le savez. Vous n’ignorez pas aussi, (car je vous en ai souvent averti moi-même) que je n’ai, pour en soutenir le poids, ni assez de vertu, ni assez de lumières.

C’est ce qui m’engage à publier aujourd’hui cette nouvelle déclaration, pour enjoindre à tous ceux qui sont en place, depuis les princes jusqu’aux simples magistrats, de me chercher avec soin des gens de mérite. Les uns qui aient, par exemple, un grand usage du monde, les autres qui soient éclairés sur toutes les affaires de l’État : mais surtout, qui aient la droiture et la fermeté nécessaire pour m’avertir librement de ce qu’ils jugeront répréhensible. J’en souhaiterais un bon nombre en chaque genre, pour suppléer à mon peu de capacité. Cependant, vous autres qui avez déjà le rang de ta fou[3], aidez-moi par vous-mêmes de votre mieux.

Voici à quoi se peut réduire ce qu’il y a d’essentiel à examiner. 1° Mes fautes journalières, et mes défauts personnels. 2° Les défauts du gouvernement présent. 3° Les injustices des magistrats. 4° Les besoins des peuples. Expliquez-vous sur tous ces points dans un mémoire fait exprès : je le lirai ; et je verrai, en le lisant, si votre zèle à m’aider va jusqu’où il peut aller. Je jugerai que ce zèle est véritable, si, au commencement, dans toute la suite, et jusqu’à la fin de votre mémoire, vous parlez avec liberté, sans épargner ma personne. Prenez-y garde, ta fou, il ne s’agit pas d’une bagatelle. L’affaire est des plus sérieuses. Donnez toute l’attention possible à vous acquitter comme il faut, de ce que je vous recommande.

Sur cette déclaration, l’empereur Cang hi dit : C’est ici la première déclaration qu’un empereur ait faite et publiée dans les formes, pour se procurer des gens de mérite. Cette pièce conçue en termes précis et justes, tient du goût de l’antiquité.





Autre déclaration du même empereur Ven ti, sur la paix faite avec Tan yu, prince tartare du nord de la Chine.


Il y a déjà bien des années que mes peuples souffrent beaucoup, et mes voisins et alliés encore davantage. Les irruptions des Hiong nou ont été

  1. Du Ciel.
  2. Il adresse son discours aux grands officiers de sa cour.
  3. Grande charge de l'empire.