Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/662

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campagnes ; conséquemment que les terres qui y étaient attachées, qui montent à quelques mille ouan de tsing[1] soient réunies à notre domaine, et que 15 ouan d’esclaves qu’avaient les bonzes, soient mis sur le rôle des magistrats, et soient censés être du peuple. Quant aux bonzes étrangers venus ici pour faire connaître la loi, qui a cours en leurs royaumes, ils sont environ trois mille tant du Ta tsing[2] que du Mou hou pa. Mon ordre est aussi qu’ils retournent au siècle, afin que dans les coutumes de notre empire, il n’y ait point de mélange. Hélas il n’y a que trop longtemps qu’on diffère à remettre les choses sur l’ancien pied : pourquoi différer encore ? C’est chose conclue et arrêtée. Vue la présente ordonnance, qu’on procède à l’exécution. Telle est notre volonté.


Une glose dit, qu’en effet tout cela s’exécuta, à peu de choses près ; qu’on laissa deux grandes bonzeries à chaque cour du nord et du midi, et trente bonzes pour chacune ; que dans chaque gouvernement on laissa une bonzerie avec certain nombre de bonzes ; que ces bonzeries furent distinguées en trois ordres ; et que le nombre des bonzes ne fut pas égal en toutes.


Remontrance de Ouei tching à l’empereur Tai tsong.


Un point bien essentiel pour un prince, c’est d’aimer les gens de bien, et de haïr les méchants ; de mettre auprès de la personne les gens de vertu et de mérite, et d’éloigner ceux qui en manquent. En approchant les premiers, il fournit sa cour de gens d’élite. En éloignant les seconds, il évite d’être surpris par les artifices, que l’intérêt et la passion leur suggère en toute rencontre, Au reste, il n’est point de si méchant homme, qui n’ait quelque bon endroit, et qui ne fasse quelque peu de bien. Il n’est point aussi d’homme si sage et si vertueux, qui n’ait quelque faible, et qui ne fasse quelquefois de légères fautes. Mais ce qu’a celui-ci de défectueux, est comme une petite tache dans une pierre précieuse ; et le peu de bon qu’a celui-là, se peut comparer au fil aiguisé d’une lame qui n’est que plomb. Cette lame peut absolument être d’usage une fois ; en fait-on cas pour cela ? Au contraire un joaillier habile ne rebute pas une belle pierre, pour une petite tache. Se laisser gagner ou surprendre par le peu qu’il y a de louable dans un homme, d’ailleurs plein de vices, et se rebuter de ce qu’a de défectueux un homme d’ailleurs vertueux et capable, c’est confondre

  1. Nom de mesure en arpentage.
  2. Plusieurs Européens prétendent que Ta Tsing est la Palestine ; ce qui est certain, c’est qu’un monument qui subsiste encore, prouve que sous la dynastie Tang il vint en Chine des prêtres chrétiens qui eurent des églises en plus d’un endroit et vivaient en communauté. On ne peut guère juger par ce monument, s’ils étaient catholiques ou nestoriens.