Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/76

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bien observée, qu’il n’y a point d’honnêtes gens, qui se trouvent pendant la nuit dans les rues ; si par hasard on trouve quelqu’un, on le regarde, ou comme un homme de la plus vile populace, ou comme un voleur, qui à la faveur des ténèbres, cherche à faire un mauvais coup, et on l’arrête. C’est pourquoi il est très dangereux d’être alors hors de chez soi, et il est difficile d’échapper à la sévérité de la justice, quand on serait même innocent.

Il y a dans chaque ville de grosses cloches, ou un tambour d’une grandeur extraordinaire, qui servent à marquer les veilles de la nuit. Chaque veille est de deux heures : la première commence vers les huit heures du soir. Pendant les deux heures que dure cette première veille, on frappe de temps en temps un coup, ou sur la cloche ou sur le tambour. Quand elle est finie, et que la seconde veille commence, on frappe deux coups tant qu’elle dure : on en frappe trois à la troisième, et ainsi de toutes les autres : de sorte qu’à tous les moments de la nuit, on peut savoir à peu près quelle heure il est ; les cloches n’ont pas un son fort harmonieux, parce que le marteau dont on les frappe, n’est ni de fer, ni de métal, mais simplement de bois.


Le port des armes.

Le port des armes n’est permis qu’aux gens de guerre, encore ne sont-ils ordinairement armés que quand ils doivent faire leurs fonctions, comme par exemple, en temps de guerre, lorsqu’ils sont en sentinelle, qu’ils passent en revue, ou qu’ils accompagnent des mandarins : hors de là ils vaquent, ou à leur négoce, ou à leur profession particulière.

S’il s’élève quelque démêlé parmi les gens du peuple, et qu’après les querelles et les injures, ils en viennent aux voies de fait, ils ont une extrême attention qu’il n’y ait point de sang répandu ; c’est pourquoi, si par hasard ils avaient entre les mains un bâton, ou quelque instrument de fer, ils le quittent aussitôt, et se battent à coups de poing.

Le plus souvent ils terminent leurs querelles, en allant porter leurs plaintes au mandarin. Ce magistrat assis gravement dans son fauteuil, et environné de ses officiers de justice, écoute d’un grand froid les deux parties, qui plaident chacune leur cause ; après quoi il fait donner en sa présence la bastonnade au coupable, et quelquefois à tous les deux ensemble.


Des femmes publiques.

Il y a des femmes publiques et prostituées à la Chine comme ailleurs, mais comme ces sortes de personnes sont ordinairement la cause de quelques désordres, il ne leur est pas permis de demeurer dans l’enceinte des villes : leur logement doit être hors des murs ; encore ne peuvent-elles pas avoir des maisons particulières ; elles logent plusieurs ensemble, et souvent sous la conduite d’un homme, qui est responsable du désordre, s’il en arrivait ; au reste ces femmes libertines ne sont que tolérées, et on les regarde comme infâmes : c’est pourquoi il y a des gouverneurs de ville, qui n’en souffrent point dans leur district.

Enfin l’éducation qu’on donne à la jeunesse, contribue beaucoup à la paix, et à la tranquillité qui règne dans les villes. Comme on ne parvient aux charges et aux dignités de l’empire, qu’à proportion du progrès