Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/836

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de bois sont creusées en dedans et colorées en dehors. Un rat a-t-il pénétré dedans, on ne sait comment l’en chasser. On n’ose y employer le feu, de peur qu’il ne prenne au bois. On n’ose mettre la statue dans l’eau, de peur de détremper les couleurs. Ainsi le respect qu’on a pour la statue, met à couvert le rat. Tels sont à peu près dans un État les gens sans mérite et sans vertu, qui ont la faveur du prince. Ils gâtent tout : on le voit, et on en gémit ; mais on ne sait comment s’y prendre pour y apporter remède.


Ki tse dans un de ses voyages, passa par le royaume de Tsin ; à peine y eût-il mis le pied, qu’il s’écria en soupirant : O que l’oppression est grande en ce royaume ? Entrant ensuite dans la capitale, il s’écria du même ton : O que ce royaume est épuisé ! Enfin ayant vu le roi et la cour : O que le trouble et la révolte, dit-il, ne sont guère éloignés ! Alors ceux qui étaient à sa suite, lui dirent : vous ne faites que d’arriver dans le royaume de Tsin ; comment prononcez-vous sur tout cela d’une manière si décisive ? Voici pourquoi, répondit Ki tse : en entrant sur les terres de Tsin, j’ai remarqué bien des champs en friche, le reste est assez mal cultivé : j’ai vu en même temps qu’on travaillait en divers endroits à des ouvrages fort inutiles. De là j’ai conclu que les peuples sont opprimés par des corvées. Entrant dans la ville capitale, j’ai pris garde que tout ce qui était bâti de nouveau était chancelant, au lieu que les anciens édifices sont très solides. C’est sur cela que j’ai dit : le royaume est épuisé. Étant allé à la cour, j’ai vu un prince qui n’a des yeux que pour regarder çà et là, et qui n’ouvre pas la bouche pour faire la moindre question. J’ai remarqué aussi dans ses ministres et ses grands officiers beaucoup de hauteur et d’orgueil. Cependant ils sont tous muets sur ce qui regarde le bien commun, et il n’y en a pas un d’eux qui donne au prince le moindre conseil. C’est ce qui me fait conclure que le trouble et la révolte ne sont pas loin.


Dans cette compilation de Tang king tchuen après le titre du gouvernement, il y a un titre des reines. Il comprend sous ce nom les épouses et les concubines des empereurs ou des rois. En parcourant les histoires, il prétend que les femmes ont eu grande part à la décadence ou à la ruine de presque toutes les dynasties. Ce Tang king tchuen emploie sous ce titre trente bonnes pages ; mais chaque trait d’histoire n’y est qu’indiqué : c’est pourquoi l’on n’en a rien traduit.

Sur la fin il dit que Tai tsong second empereur de la dynastie Tang, partie pour épargner la dépense, partie aussi par compassion, après avoir fait le choix de quelques femmes de son palais, fit sortir toutes les autres, et permit qu’on les mariât. Il diminua à proportion le nombre des eunuques du palais, de sorte qu’il en sortit en tout trois mille personnes et davantage.

Tang king tchuen cite Tchang pong ki, lequel ayant recherché en quel temps ont commencé les petits souliers et les petits pieds, tels que les ont les femmes chinoises, prétend que cet usage n’est point de la première antiquité ; il tire sa principale preuve de ce qu’il n’est fait nulle mention des petits pieds des femmes, ni de leurs petits souliers recourbés, dans des recueils de vers