Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de grands réservoirs pour ramasser l’eau de pluie, et celle qui coule des montagnes, afin de la distribuer également dans tous leurs parterres de riz : c’est à quoi ils ne plaignent ni soins, ni fatigues, soit en laissant couler l’eau par sa pente naturelle, des réservoirs supérieurs dans les parterres les plus bas, soit en la faisant monter des réservoirs inférieurs, et d’étage en étage, jusqu’aux parterres les plus élevés.


Des machines hydrauliques.

Ils se servent pour cela de certains chapelets, ou engins hydrauliques, assez simples pour faire circuler l’eau, et en arroser continuellement leurs terres : de sorte que d’un côté, quelque temps qu’il fasse, le laboureur est comme assuré de voir chaque année la terre qu’il cultive, lui rapporter une moisson proportionnée à son industrie et à son travail ; et d’un autre côté, le voyageur goûte un plaisir toujours nouveau, en promenant successivement sa vue dans ces vallons et ces campagnes charmantes, qui, quoiqu’assez semblables pour la verdure dont elles sont également couvertes, ne laissent pas de présenter autant de scènes admirablement diversifiées, par la différente disposition ou figure de montagnes qui les environnent ; et il se trouve à toute heure agréablement surpris, par le nouveau spectacle qu’offrent continuellement à sa vue, une suite perpétuelle d’amphithéâtres verdoyants, qu’il découvre les uns après les autres dans sa route.

Cette espèce de chapelet dont ils se servent est très simple, soit par sa structure, soit par la manière dont on le fait jouer. Il est composé d’une chaîne sans fin de bois, et d’un grand nombre de petites planches de six ou sept pouces en carré, enfilées parallèlement à égales distances et à angles droits par le milieu dans la chaîne de bois ; ce chapelet est étendu le long d’un canal de bois fait de trois planches unies, en forme d’auge, de telle sorte que la moitié inférieure du chapelet porte sur le fond de cet auge, et en occupe toute la capacité ; et la supérieure qui lui est parallèle, porte sur une planche posée le long de l’ouverture du canal. Une des extrémités du chapelet, je veux dire, celle d’en bas est passée autour d’un cylindre mobile, dont l’axe est posé sur les deux côtés de l’extrémité inférieure du canal ; et l’autre extrémité du chapelet, savoir celle d’en haut, est montée sur une manière de tambour garni de petites planches, situées de telle sorte, qu’elles engrènent exactement avec les planches du chapelet, et que ce tambour venant à tourner par le moyen de la puissance qui est appliquée à son essieu, fait tourner le chapelet ; et comme l’extrémité supérieure du canal, où porte ce tambour, est appuyée à la hauteur où l’on veut faire monter l’eau, et que l’extrémité inférieure est plongée dans l’eau qu’on veut élever, il est nécessaire que la partie inférieure du chapelet, qui occupe exactement, comme nous l’avons dit, la capacité du canal de bois, monte le long de ce canal ; et que toutes les petites planches, en levant avec elles autant d’eau qu’elles en rencontrent, c’est-à-dire, autant que le canal en peut contenir, il se forme un ruisseau d’eau, qui monte sans interruption à la hauteur qu’on souhaite, tant que la machine est en mouvement ; et cependant la partie supérieure du chapelet descendant uniformément le long de la planche, sur laquelle elle porte, ces deux mouvements joints ensemble, font tout le jeu de la machine qui est mise en mouvement dans les trois manières suivantes :