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de ses mains royales les terres de son palais, ce qui obligea les ministres, et tous les seigneurs de sa cour à en faire de même.


Fête en l'honneur de l'agriculture.

On croit que c’est là ce qui a donné lieu à une grande fête, qui se célèbre tous les ans dans toutes les villes de la Chine, le jour que le soleil entre au quinzième degré du signe du verseau, qu’ils regardent comme le commencement de leur printemps.

Ce jour là le gouverneur, ou le premier mandarin, sort de son palais porté dans sa chaise, précédé d’étendards et de flambeaux allumés, avec divers instruments. Il est couronné de fleurs, et marche en cet équipage vers la porte de la ville, qui regarde l’orient, comme pour aller au-devant du printemps. Il est accompagné de plusieurs brancards peints et ornés de divers tapis de soie, sur lesquels sont des figures, et des représentations des personnes illustres, qui ont exercé l’agriculture, et quelques histoires sur le même sujet. Les rues sont tapissées, on élève d’espace en espace, des arcs de triomphe ; on suspend des lanternes, et l’on fait des illuminations.

Entre les figures, est une grande vache de terre cuite, d’une si énorme grandeur, que quelquefois 40 hommes ont de la peine à la porter ; derrière cette vache dont les cornes sont dorées, est un jeune enfant qui a un pied nu, et l’autre chaussé : ils l’appellent l’esprit du travail et de la diligence. Cet enfant frappe sans cesse d’une verge la vache de terre, comme pour la faire avancer. Elle est suivie de tous les laboureurs avec leurs instruments ; des compagnies de masques et de comédiens suivent, en faisant diverses représentations.

C’est ainsi qu’on se rend devant le palais du gouverneur ; et là on dépouille la vache de tous ses ornements, on tire de son ventre un nombre prodigieux de petites vaches d’argile, et on les distribue à toute la troupe : on met en même temps la vache en pièces, et l’on en distribue pareillement les morceaux. Après quoi le gouverneur fait un petit discours par lequel il recommande le soin de l’agriculture, comme l’une des choses les plus nécessaires à un État.

L’attention des empereurs et des mandarins pour la culture des terres, est si grande, que lorsqu’il vient à la cour des députés de la part des vicerois, l’empereur ne manque jamais de leur demander en quel état ils ont vu les campagnes. Une pluie tombée à propos est un sujet de rendre visite au mandarin, et de le complimenter.


L'empereur laboure la terre.

Tous les ans au printemps, à l’exemple des anciens fondateurs de cette belle monarchie, l’empereur va solennellement lui-même labourer quelques sillons, pour animer par son exemple les laboureurs à la culture des terres. Les mandarins de chaque ville font la même cérémonie.

Yong tching qui est aujourd’hui sur le trône, déclara, aussitôt que le temps de son deuil fut expiré, qu’il voulait se conformer tous les ans à cette ancienne et louable coutume. Il avait déjà publié quelques mois auparavant une instruction signée du pinceau rouge, c’est-à-dire, de sa propre main,