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AVERTISSEMENT


Après ce que j’ai dit ailleurs, que la comédie accompagne presque toujours les repas de cérémonie que se donnent les mandarins chinois, et les personnes aisées, et qu’elle fait partie de ces sortes de fêtes, on s’attend, sans doute, de voir quelqu’une de ces comédies, qui fasse juger du goût qu’ils ont pour le théâtre. Heureusement je suis en état de contenter sur cela la curiosité.

Il m’est tombé entre les mains une tragédie chinoise, exactement traduite par le père de Prémare. Il ne faut pas y chercher les trois unités du temps, du lieu, et de l’action, ni les autres règles que nous observons pour donner de la régularité et de l’agrément à ces sortes d’ouvrages. Il n’y a pas plus d’un siècle que la poésie dramatique a été portée en France au point de perfection où elle est maintenant, et l’on sait assez que dans des temps plus reculés, elle était très informe et très grossière.

Ainsi l’on ne doit pas être surpris, si ces règles qui nous sont propres, ont été inconnues aux Chinois, lesquels ont toujours vécu comme dans un monde séparé du reste de l’univers. Ils n’ont pour but dans leurs pièces de théâtre, que de plaire à leurs compatriotes, de les toucher, de leur inspirer l’amour de la vertu et l’horreur du vice. S’ils y réussissent, cela doit, ce semble, leur suffire : il me suffit à moi-même de faire connaître leur goût dans ce genre d’ouvrage, quelque éloigné qu’il soit du nôtre.

Cette tragédie est tirée du livre intitulé Yuen gin pe tchong. C’est un recueil des cent meilleures pièces de théâtre qui aient été composées sous la dynastie des Yuen. Ce livre contient quarante volumes, distribués en quatre Tao.

Cette pièce est intitulée Tchao chi cou ell ; c’est-à-dire, le petit Orphelin de