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LES DEUX AIGLES,

cette dernière, et en faire sa proie. S’adressant donc aux aigles : Que vous autres, seigneurs aigles, leur dit-il, voyagiez dans les régions supérieures des airs, c’est une chose qui vous convient et à laquelle personne ne trouvera à redire ; mais que cette sotte de tortue veuille se donner les tons de vous imiter, c’est ce qui doit choquer tout le monde.

Les aigles continuèrent leur route sans rien répondre au renard ; mais la tortue, piquée de s’entendre appeler sotte par ce dernier, voulut lui rendre injure pour injure. Elle ouvre la gueule pour lui répondre, lâche le bâton auquel elle se tenait suspendue par les dents, et tombe sur la terre.

Dès qu’elle fût tombée le renard courut vite pour la dévorer, il essaya à plusieurs reprises de la mordre ; mais l’écaille dont elle était enveloppée se trouva si dure que les dents du renard ne purent jamais la pénétrer. Surpris de trouver tant de résistance : Qu’est-ce cela, dit-il, dame tortue ? ta peau est furieusement dure !

Comment cela serait-il autrement, ami renard, répondit la tortue, j’ai voyagé si long-temps dans les airs, exposée aux plus vives ardeurs du soleil, que ma peau s’est tout-à-fait desséchée et durcie. Si tu voulais me transporter dans l’étang voisin,