Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/213

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aux désirs de sa femelle, disant, pour justifier cette résolution, que l’obligation pour un mari de conserver sa femme devait l’emporter sur toute autre considération : dans ces sentimens, il retourna auprès de Sandjivaca, avec l’intention de se rendre maître de lui et de le porter ensuite à sa femelle pour qu’elle put se nourrir de son foie.

Lorsque le singe vit revenir son ami, il lui témoigna la plus vive joie de le revoir, et sa première question fut de lui demander comment se portait sa femme. Le crocodile répondit qu’il l’avait en effet trouvée malade ; mais il ajouta en même temps que la situation de sa femme n’était pour lui qu’un objet secondaire ; qu’heureux d’avoir un ami tel que lui, ses premières pensées étaient pour lui : Depuis que je t’ai quitté, dit-il, je n’ai pu goûter aucun repos, et je n’ai soupiré qu’après le moment où je pourrais de nouveau jouir des charmes de ton amitié. Quand on a eu le bonheur de trouver des amis comme toi, femme, parenté, famille ne peuvent plus occuper. Aussi le vif désir de te revoir m’a fait quitter ma femme, quoiqu’elle se trouve dans un état dangereux, parce que je ne connais rien dans le monde au-dessus du plaisir d’être avec toi.