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VOYAGE A CHEVAL

plus loin, il n’est peut-être pas hors de propos de faire une courte description de ce cheval. Vingt-cinq ans passés, un œil de moins, et une oreille coupée jadis à rase tête pour arrêter les progrès d’un ulcère ; c’étaient là de légers défauts, s’il n’eût été boiteux d’un des pieds de devant, et si, pour embellir le tout, ses deux pieds de derrière n’eussent été tournés en dehors, de manière que les deux jarrets se heurtaient en marchant, et que les deux jambes formaient un triangle lorsqu’elles posaient à terre.

Cependant le gourou et ses disciples passèrent aisément sur tous ces petits défauts, en pensant que le cheval ne leur coûtait rien ; et ils furent tous transportés de joie de voir que l’objet qu’ils désiraient depuis si long-temps avec tant d’ardeur, était enfin en leur possession.

Aussitôt que le cheval leur eut été livré, les disciples l’entourèrent, et le considérèrent long-temps en silence et avec admiration. Rangés de chaque côté de l’animal, l’un d’eux lui passait la main sur le dos et sur les autres parties du corps en le frottant ; l’autre lui levait successivement les jambes, les tordait, et les faisait plier en différens sens pour donner de l’élasticité aux nerfs ; un troisième, lui prenant la queue, en démêlait les crins les uns après les autres, et les