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LE BRAHME

introduisant Sandjivaca à la cour. Depuis que ce taureau, se disaient-ils, s’est réuni au lion, celui-ci marche toujours accompagné de son nouvel ami ; il en oublie jusqu’à ses propres besoins. Il ne va presque plus à la chasse, ou, s’il y va, il ne tue de gibier que ce qu’il lui en faut pour apaiser sa propre faim. Il ne pense plus à nous, et nous périssons ici faute de nourriture. En introduisant Sandjivaca à la cour, ajouta Carataca, nous avons agi sans réflexion, et nous avons travaillé à notre propre ruine ; notre imprévoyance à ce sujet a eu les mêmes suites que l’imprudence d’un sanniassy que je te vais conter :

Le Brahme et son Domestique.

Dans le sud, à quelque distance du fleuve Cavéry, est situé un agrahra appelé Darma-Poury, qu’habitait le brahme Deva-Sarma. Après avoir vécu long-temps dans le monde, ce brahme se fit sanniassy (pénitent) ; cependant, en embrassant ce saint état, il ne renonça pas tellement, comme il aurait dû le faire, aux biens de ce bas monde, qu’il ne conservât toujours un désir démesuré des richesses. Il continua de se laisser