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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

non pas immédiatement sur la berge, mais à un kilomètre environ, c’est-à-dire qu’elle commence sur la limite extrême de la zone d’inondation. Son aspect est des plus plaisants, grâce à l’initiative et aux soins intelligents des officiers qui ont successivement commandé ici et qui ont pris à cœur leur rôle de civilisateurs.

À travers les blanches demeures de pisé et les ruelles étroites, ils ont ouvert de larges et belles chaussées, et les ont bordées d’arbres qui répandent l’ombre précieuse. De grandes places ont été ménagées où de hauts et superbes fromagers forment parasol. Un vaste hall abrite le marché indigène. Non loin deux boutiques de marchandises européennes. Un nègre, portant en baudrier un vieux sabre, remplit les fonctions de commissaire de police et veille à la propreté de la ville. Et toute cette européanisation n’a nullement déplu aux indigènes. Chaque année la ville grandit et voit s’élever des voies nouvelles. Elle marche rapidement vers son ancienne prospérité qu’El Hadj Omar, le conquérant toucouleur et Samory s’étaient efforcés de ruiner à l’envi.

Non moins séduisante à parcourir est la grande plaine environnante. En partie inondée par le Niger, irriguée d’autre part par de nombreux ruisselets, sa fertilité est merveilleuse. Mais je préfère parler plus longuement de trois arbres que l’on y trouve abondamment ainsi que dans toute la région, dans les champs comme dans la brousse, jusque sur les gradins rocheux.

Le plus intéressant est le karité ou arbre à beurre. Le poirier est celui de nos arbres qui peut le mieux donner l’illusion du karité : leurs feuilles se ressemblent étonnamment. L’écorce est quadrillée et le tronc rugueux comme celui du marronnier. Les branches se développent en dôme. Quant à sa taille, plus élevée habituellement que celle de nos arbres fruitiers, elle atteint normalement de très