Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/140

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Arles que venoit désarmer la Flote destinée à la garde du Rhône. Quant à celle qui étoit chargée de garder la Seine, elle avoit, comme on le lit dans la Notice de l’Empire, son bassin à Paris, suivant l’apparence, dans le lieu où est aujourd’hui l’Eglise Cathedrale. Cette conjecture est fondée sur ce que ce bassin étoit encore plus en sureté au-dessus qu’au-dessous des Ponts de Paris, & sur ce qu’en 1711 on trouva, en jettant les fondemens du maître-autel nouveau qu’on construisoit dans cette Eglise, des Inscriptions dédiées par le Corps des Matelots ou des Mariniers de Paris[1]. Elles furent publiées dans le tems de leur découverte avec des explications. Peut-être aussi la Ville de Paris ne porte-t-elle un Vaisseau dans l’écu de ses Armes, qu’en mémoire de la Flote, laquelle y avoit son bassin. Les Nations, les Villes & les Etats, avoient des symboles, par lesquels ils se désignoient, long-tems avant l’invention du Blazon & des Armoiries. En effet, long-tems avant ce tems-là l’Empire Romain avoit l’Aigle pour symbole, la ville de Rome la Louve allaitante les deux Jumeaux, & Athenes la chouette ; c’est assez conjecturer. Je reviens à mon sujet.

Des Bâtimens qui pouvoient remonter la Meuse jusqu’à l’embouchure de la Sambre, & la Seine jusqu’à Paris, n’étoient point, comme je l’ai déja dit, des Vaisseaux qui tirassent assez d’eau pour être capables de tenir la Mer.

Nous ne voyons point que les Officiers qui commandoient ces Bâtimens de toute espece, eussent, pour parler à notre maniere, un Superieur particulier, ou un Amiral qui ne commandât que sur Mer. Dans l’Empire Romain le Service de Terre et le Service de Mer n’étoient point aussi séparés qu’ils le sont aujourd’hui dans les Etats de la Chrétienté. Il paroît seulement qu’il y avoit des Officiers & des Corps destinés spécialement à servir sur les Flotes, & que les Soldats de ces Corps croyoient monter d’un grade quand ils pouvoient passer dans les Légions ; mais on ne voit pas qu’ils eussent un Général particulier dépendant immédiatement du Prince, & autre, que le Duc, qui commandoit dans les Lieux à la défense desquels ces Corps-là étoient destinés.

Venons aux Troupes de Terre que nous diviserons d’a-

  1. Hist. de l’Acad. des Belles Lettres, no. 3. p. 242.