Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/223

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

alors s’établir dans l’ancienne France, étoient peut-être sortis de nations differentes ; mais la confédération que le voisinage les engagea de faire pour le maintien de leur liberté, leur aura fait donner à tous le nom général de Francs. En quelle année ces peuples nouvellement ligués vinrent-ils s’établir sur la rive droite du Rhin ? Aucun auteur ne le dit précisement. On voit seulement par ce qu’écrit Trebellius Pollio dans la vie de Gallien fait empereur l’année de Jesus-Christ deux cens cinquante-trois, que sous le regne de ce prince, quinze ou vingt ans après l’invasion de Maximin dans la Germanie, la nation des Francs étoit déja établie sur la frontiere des Gaules. Trebellius en parlant de la guerre que Gallien entreprit contre Posthume qui s’étoit fait proclamer empereur dans la seconde Germanique, dit que l’armée de Posthume fut fortifiée par les secours que les Gaulois et les Francs lui fournirent. Quand Probus fut fait empereur en deux-cens soixante et seize, il avoit déja battu les Francs dans leurs marécages. Ce fut donc vers l’année deux-cens cinquante que la nation des Francs s’établit sur la rive droite du Rhin.

L’alliance qui étoit entre les differentes tribus des Francs n’empêchoit pas que chacune d’elles ne fût souveraine dans son territoire. Ils étoient unis ainsi que les treize cantons de la haute Allemagne sont unis aujourd’hui les uns avec les autres, par ce lien que leurs écrivains appellent communion d’armes, et qui oblige tous les cantons à prendre les armes pour secourir celui d’entr’eux qui seroit attaqué, sans que cette union empêche que chaque canton soit dans son territoire particulier, un potentat indépendant. On verra dans le second et dans le troisiéme livre de cet ouvrage plusieurs faits qui prouvent ce que je viens d’avancer touchant l’état et la condition des Francs. Quant à leur religion, ils sont demeurés païens presque tous, tant qu’ils sont restés dans la Germanie, et ils ne se sont convertis, qu’après s’être établis dans les Gaules.

Les anciens historiens parlent des Francs, comme de la nation la plus valeureuse qui fût parmi les barbares de l’Europe. Ils nous la dépeignent composée d’hommes également braves sur l’un et sur l’autre élément. Tout le monde sçait les grands exploits que les Francs ont fait sur terre, de quelles armes ils se ser-