Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/239

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grand Constantin qui avoit permis ces sortes d’alliances, parce que les Francs ayant depuis long-tems avec les Romains des liaisons étroites, ils méritoient une pareille distinction. Quoiqu’on ait grande raison de douter de la verité de cet édit de Constantin Le Grand, que les sçavans soupçonnent avec fondement le Porphyrogenete d’avoir supposé pour faire trouver bon le mariage de son fils avec une princesse du sang des rois Francs, il est certain que ce dernier empereur n’eût pas osé avancer dans une loi qu’il faisoit au commencement du dixiéme siécle, et qu’il publioit au milieu de Constantinople, où l’on avoit plusieurs histoires que nous n’avons plus, et où une tradition non interrompuë, par les dévastations, conservoit encore quelque mémoire de ce qui s’étoit passé dans les cinq siécles précedens ; que dès le tems de Constantin Le Grand les Romains avoient déja des affinités et d’étroites liaisons avec les Francs, s’il n’eût point été notoire dans cette ville-là que les Romains avoient toujours mis une grande difference entre les Francs et les autres barbares. Dans la conjoncture où se trouvoit le Porphyrogenete, il pouvoit gagner à passer les bornes de la verité ; mais il auroit trop perdu à sortir de celles de la vraisemblance. D’ailleurs quel obstacle pouvoit empêcher qu’on ne donnât en mariage aux rois des Francs des princesses de la maison impériale, qui ne portoient en dot à leurs maris aucun droit à la succession au trône de la monarchie romaine, quand les empereurs eux-mêmes épousoient des filles de la nation des Francs ? Eudoxia, femme d’Arcadius, et mere entr’autres enfans de Theodose le jeune, n’étoit-elle pas fille de Baudon Franc de nation, et de qui nous avons parlé ci-dessus ?

Quoiqu’il en soit de l’exposé qui se voit dans la loi de Constantin Porphyrogenete, et quand bien même cet exposé ne prouveroit rien, il seroit toujours apparent que dans le quatriéme siécle et dans le cinquiéme les Francs devoient être la nation la plus civilisée qui fût parmi les peuples barbares. Comme il y avoit plus long-tems qu’ils habitoient sur la frontiere de l’empire, et qu’ils servoient dans ses troupes, que les autres peuples, il falloit que la chose fût ainsi. Les hostilités mêmes qui pouvoient se commettre de tems en tems entre les Romains et les Francs, étoient aux Francs une occasion d’apprendre la langue, et de s’instruire un peu dans les arts et dans les sciences qu’on cultivoit alors dans les Gaules. Les sujets de