Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/259

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que ce dernier veut parler dans le passage que nous venons de rapporter, des événemens qui arriverent lorsque les barbares s’approcherent du Rhin pour le passer et faire dans les Gaules l’invasion qu’ils y firent la nuit qui précédoit le premier jour de l’année quatre cens-sept. D’ailleurs, comme nous l’apprenons de Gregoire de Tours, Frigeridus racontoit ce qu’on vient de lire dans la partie de son ouvrage, où il faisoit l’histoire de la prise et du pillage de Rome par Alaric roi des Visigots. Or l’irruption des barbares dans les Gaules en l’année quatre cens sept, faisoit naturellement le premier chapitre de cette histoire. Ce fut cette invasion qui donna le courage au roi des Visigots, Alaric I, de rentrer en quatre cens huit dans l’Italie, d’où il avoit encore été chassé peu d’années auparavant. Ce furent les suites de cette invasion qui lui livrerent au bout de deux campagnes la ville de Rome, comme nous le verrons dans la suite.

Je confirmerai encore par l’autorité de S. Jerôme les témoignages des auteurs, qui déposent que les Francs tinrent le parti des Romains lors de l’irruption des Vandales. Ce pere de l’Eglise qui n’est mort que treize ans après, fait, en écrivant à une personne de ses amies, une énumeration si longue des nations qui ravageoient les Gaules, au tems dont nous parlons, qu’on voit bien qu’il ne veut point omettre aucune d’elles dans sa liste. Or l’on n’y voit point les Francs, et c’est à mon avis une nouvelle preuve qu’ils ne s’étoient pas joints avec les autres barbares, et qu’ils tinrent alors le parti des Romains. » Tout ce qui est, dit S. Jerôme, entre les Alpes, les Pyrénées, l’Océan & le Rhin, est devenu la proye du Quade, du Vandale, du Sarmate, de l’Alain, du Gépide, de l’Herule, du Saxon, & du Bourguignon. Quelle est la malheureuse destinée de l’Etat : Les Pannoniens mêmes, eux qui sont sujets de l’Empire, se font joints à ces ennemis. »

Nous avons déja vû que Constantin Le Grand avoit introduit l’usage de ne plus faire camper toujours les troupes sur la frontiere, mais de les tenir la plûpart dans des quartiers séparés, et assignés dans l’interieur du païs. Cette disposition génerale empêchoit seule que les barbares qui faisoient leur expédition durant l’hyver, ne trouvassent sur le Rhin un corps