Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/326

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parvenu jusqu’au Généralat de la Cavalerie. La mere d’Aëtius étoit née dans l’Italie & issuë d’une famille riche & illustrée. Aëtius au sortir de l’enfance, servit dans les Troupes de la Garde du Prince. Il fut donné pour otage en premier lieu au Roi Alaric, auprès duquel il demeura trois ans. Après son retour, il fut encore donné en otage aux Huns. Ensuite il épousa la fille de Carpilio, & il fut successivement Commandant de la Garde Impériale, & Grand-Maître de la Maison de Joannés. Quant à la personne d’Aëtius, sa taille étoit médiocre, mais bien prise, son temperamment robuste, & même son embonpoint ne l’empêchóit pas d’être vif & dispos ; il étoit bon homme de cheval, & très-adroit à se servir de toute sorte d’armes. Son éloquence & le talent qu’il avoit pour les affaires, l’auroient seuls rendu illustre, d’autant plus qu’il ne se soucioit ni d’amasser de l’argent, ni de faire des acquisitions. Naturellement il avoit l’esprit droit & le cœur bien placé. Les mauvais conseils ne le tiroient point de la bonne route. Il aimoit le travail, souffroit les injustices avec patience, son courage étoit à l’épreuve des plus grands dangers, & il pouvoit se passer long-tems de boire, de manger & de dormir. Dès sa jeunesse on lui avoit prédit son élevation, & qu’il seroit un jour l’honneur de son siecle. Voilà, c’est Gregoire de Tours qui parle encore, le portrait que Frigeridus fait d’Aëtius. »

Pour reprendre le fil de l’histoire, nous avons vû que Placidie s’étoit réfugiée à Constantinople la derniere année du regne d’Honorius, et qu’elle y avoit emmené avec elle Valentinien, le fils qu’elle avoit eu de l’empereur Constance. Theodose le jeune résolu de recouvrer l’empire d’Occident sur Joannés, crut que Placidie pouvoit contribuer beaucoup par ses intrigues, à l’avancement de ce projet. Il donna donc à cette princesse un plein pouvoir, et il la fit passer en Italie, s’il est permis de s’exprimer ainsi, revêtue de la qualité de vicaire géneral de l’empereur. Elle emmenoit avec elle son fils, à qui Theodose n’avoit donné d’autre titre que celui de nobilissime, titre qui appartenoit alors aux Cesars, c’est-à-dire, aux héritiers de l’empire, et elle marchoit à la tête d’une puissante armée commandée en chef par Ardaburius, qui avoit sous lui son fils Aspar. Quel parti prirent dans cette guerre civile celles des