Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/344

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à-dire, le tems de Vespasien. Ainsi l’on doit croire Procope, lorsqu’il dit que ce fut Auguste qui établit les Tongriens dans les Gaules.

Au milieu du cinquiéme siecle, l’essain des Turingiens qui étoit demeuré dans la partie de la Germanie qui est au septentrion de l’Elbe, en sortit, et s’emparant d’une portion de l’ancienne France, il fonda le royaume des Turingiens, qui fut si celebre dans le sixiéme siecle, et dont nous aurons occasion de parler plus d’une fois. En quel tems, dit-on ? Autant que je puis le sçavoir, la premiere fois qu’il est fait mention de ces Turingiens germaniques dans les auteurs anciens ; c’est dans l’énumeration que fait Sidonius Appollinaris, des peuples qui suivoient Attila, lorsque ce roi des Huns fit son invasion dans les Gaules en quatre cens cinquante et un. Le nom de Turingien se rendit donc celebre vers le milieu du cinquiéme siecle ; et comme il devint alors notoire à tout le monde, que les Tongriens des Gaules faisoient originairement une partie de ce peuple, et comme les barbares dont elles étoient alors remplies devoient appeller les Tongriens, les Turingiens, quelques auteurs auront cru devoir restituer aux Tongriens leur ancien et veritable nom, et rétablir ce que les Romains y avoient alteré du tems d’Auguste. Ces écrivains auront cru devoir montrer du moins, qu’ils n’ignoroient pas que le Tongrien des Gaules, et ce Turingien ou Toringien devenu si celebre de leurs jours, ne fussent la même nation.

Exposons maintenant notre troisiéme preuve tirée de ce que Procope donne le nom de Turingiens aux Tongriens établis dans les Gaules par Auguste. Avant que de rapporter le passage où cela se trouve, il ne sera pas hors de propos de faire souvenir les lecteurs de la maniere dont la digression qu’il contient, est amenée.

L’objet de Procope, quand il mit la main à la plume, comme nous l’avons déja dit dans notre discours préliminaire, étoit d’écrire l’histoire des guerres que les Romains d’Orient avoient faites de son tems, et sous les auspices de l’empereur Justinien. Ainsi notre auteur, aprés avoir écrit en deux livres la premiere expédition que les armées de Justinien firent en Occident, et qui fut terminée en cinq cens trente-quatre par la conquête de l’Afrique sur les Vandales, passe naturellement à l’expédition qu’entreprirent ces mêmes armées, dès que l’expédition d’Afrique eût été finie. Cette seconde entreprise fut celle de chas-